Désinformation: Poutine veut une Russie «sourde et aveugle», alerte la Commission européenne

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La Commission européenne a appelé mardi à l’utilisation de tous «les canaux possibles» pour informer les Russes sur la guerre en Ukraine, estimant que la volonté de Vladimir Poutine était que son pays soit «sourd et aveugle». «Le président Poutine veut que son peuple se divertisse, ne paie pas attention à ce qu’il se passe (…) alors qu’à côté les Ukrainiens se font tuer», a déclaré la vice-présidente de la Commission Vera Jourova, saluant la décision de Netflix de suspendre son service en Russie et la volonté des «big tech» d’être «du bon côté de l’Histoire».
Le chef de l’Etat russe souhaiterait même que «le peuple russe soit apathique», a-t-elle souligné lors d’un débat au Parlement européen. «Il est plus important que jamais d’atteindre le peuple russe et de lui fournir des informations. Tous les canaux possibles doivent être utilisés», a-t-elle encore dit.
Les autorités russes ont donné un tour de vis contre les médias et les réseaux sociaux depuis le début de l’invasion de l’Ukraine le 24 février, adoptant notamment une loi punissant de lourdes peines de prison toute diffusion d’»informations mensongères sur l’armée. Rapporteure d’un texte de recommandations pour lutter contre les ingérences étrangères devant être adopté mercredi par le Parlement européen, la Lettonne Sandra Kalniete (PPE, droite), portant une écharpe aux couleurs de l’Ukraine, a dénoncé une «machine de propagande qui travaille à toute allure pour justifier l’agression de Poutine». «On nous a reproché d’avoir attenté à la liberté de l’information avec l’interdiction de Russia Today et Sputnik. Mais quand des acteurs étrangers, de manière coordonnée et volontaire, manipulent l’information afin de nous nuire, c’est inacceptable», a également averti le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
Le responsable européen a annoncé son intention de proposer à l’UE un mécanisme afin de «sanctionner les acteurs malveillants qui désinforment». Il n’a pas donné plus de précision si ce n’est que ce mécanisme s’intégrerait «dans une boîte à outils plus large» pour augmenter la «capacité de réaction» de l’UE face aux campagnes de désinformation.
Le service diplomatique de l’UE s’est doté depuis 2015 d’un service d’analyse sur la désinformation étrangère, la manipulation de l’information et l’ingérence pour remonter les sources de désinformation et identifier les responsables afin de les sanctionner. La Commission européenne va également renforcer son «code de conduite» pour les acteurs du numérique, a rappelé Vera Jourova. Des mesures doivent en outre être proposées d’ici fin avril et fin juin concernant l’indépendance et le pluralisme des médias, a-t-elle ajouté, considérant que ce domaine entrait aussi dans les compétences de Bruxelles.