En période de coronavirus, des déséquilibres persistants en matière de parité dans les médias

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Des infirmières ou des mères, mais peu d’expertes et de dirigeantes : la crise du Covid-19 a illustré des déséquilibres persistants en matière de parité hommes-femmes dans les médias, selon des études du CSA et de l’INA, poussant la députée LREM Céline Calvez à proposer des mesures pour combler l’écart dans un pré-rapport remis mardi au gouvernement. Durant cette crise, le CSA a épluché près de 89 heures de programmes de télévision et de radio, soit un total de 2.962 intervenants sous diverses formes (plateaux, duplex et reportages). Avec un grand constat: «la parité est presque atteinte pour les présentateurs (trices) et les journalistes», mais «des déséquilibres perdurent dans d’autres catégories, et en particulier dans celle des experts (es)». Globalement, le CSA a compté 41% de femmes contre 59% d’hommes. Les femmes étaient surreprésentées parmi les témoins lambda (55%), notamment les parents, et dans les témoignages de professionnels de santé (52%); mais leur taux chute à 24% chez les personnalités politiques et à 20% chez les experts (contre 38% dans les programmes de 2019). En outre, les femmes interrogées dans le champ médical l’ont surtout été en tant qu’infirmières ou aides-soignantes. Et ce, bien que la médecine de ville soit exercée à 46% par des femmes, et la médecine hospitalière à 52%. Cependant, le CSA se veut compréhensif. «Les résultats concernant les expertes sont moins bons qu’en 2019, mais c’est une responsabilité partagée», découlant notamment de la composition très masculine du conseil scientifique ou des spécialistes mis en avant par l’Institut Pasteur, commente Carole Bienaimé-Besse, membre du CSA chargée de ces questions. «On est dans un cas où les médias ont essayé de bien faire. Ce n’était vraiment pas une période normale, les grilles de programmes étaient profondément modifiées, les émissions étaient produites en flux tendu et en effectifs réduits, et la priorité pour les antennes était de fournir une information de qualité et vérifiée, malgré de nombreuses inconnues et face à un flot très important de fausses nouvelles», reconnaît-elle. Parallèlement, une étude publiée mardi dans «La revue des médias» de l’INA, portant sur les bandeaux des JT de TF1, France 2 et France 3, ainsi des émissions de CNews et BFMTV, durant la crise, aboutit aux mêmes conclusions: «les femmes apparaissent largement minoritaires (28%) dans l’information télévisée». Et globalement, elles sont moins souvent en position d’autorité que les hommes : «43% des femmes apparaissent dépourvues d’autorité contre seulement 20% des hommes», une «forte asymétrie (…) révélatrice des rapports de domination genrée et des choix journalistiques». Et on se souvient du tollé suscité en avril par le quotidien «Le Parisien», qui avait mis maladroitement à sa une 4 hommes, pour imaginer «le monde d’après». Dans la foulée, le gouvernement avait chargé la députée LREM des Hauts-de-Seine Céline Calvez d’une mission sur la place des femmes dans les médias en temps de crise. S’appuyant notamment sur ces études, elle a formulé des préconisations, dans un rapport d’étape remis au ministre de la Culture Franck Riester et à la secrétaire d’Etat à l’Egalité Marlène Schiappa. Il s’agit notamment de renforcer et d’affiner les indicateurs surveillés par le CSA, et d’encourager les télévisions et radios à publier des données mensuelles. La députée suggère aussi des incitations financières, en conditionnant les aides à la presse aux efforts en matière de parité. La députée remettra fin août son rapport final au Premier ministre. Le service public, quant à lui, tient à remplir son devoir d’exemplarité. France TV s’est engagé à respecter la parité dans ses rendez-vous d’info dès le mois de septembre.