Espagne : pouvoir et opposition s’entendent sur le renouvellement de la direction de la radio-télévision publique

218

Le Parti socialiste, au pouvoir en Espagne, et l’opposition de droite se sont entendus jeudi sur le renouvellement de la direction de la radio-télévision publique, un accord qui en laisse présager d’autres sur des institutions clés comme l’organe chargé de nommer les juges.
Après trois ans de blocage, un accord a été scellé à la Chambre des députés entre le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) du Premier ministre Pedro Sánchez et le Parti Populaire (PP), principal parti d’opposition de droite, avec l’appui de deux autres formations. Cet accord, qui a été adopté par 249 voix (sur un total de 350 députés), entérine la nomination du nouveau conseil d’administration de RTVE, dont le nouveau président sera José Manuel Pérez Tornero.
La Chambre des députés nomme six membres du conseil d’administration du groupe audiovisuel et le Sénat quatre. «La Chambre des députés a choisi en séance plénière six des dix membres du conseil dadministration de RTVE», a indiqué la chambre basse du parlement dans un communiqué.
Face au blocage politique empêchant la nomination d’une nouvelle direction depuis trois ans, le gouvernement de M. Sánchez avait désigné en 2018 une administratrice provisoire pour la radio-télévision publique. En raison du mode de désignation de ses dirigeants, RTVE est fréquemment accusée de manquer d’indépendance par rapport au pouvoir en place. L’accord sur RTVE entre les socialistes et les conservateurs est le prélude à d’autres accords sur des institutions clés du pays, dont le Conseil général du pouvoir judiciaire (CGPJ), organe indépendant notamment chargé de nommer les juges.
Douze de ses 20 membres sont nommés par les deux chambres du parlement. Afin de lever le blocage sur le renouvellement du CGPJ, gelé depuis deux ans, le gouvernement avait tenté de passer en force à l’automne en proposant de choisir ces 12 membres du CGPJ à la majorité absolue des membres du Parlement et non plus à la majorité qualifiée des trois cinquièmes.
Cela aurait pu permettre à la coalition de gauche au pouvoir de choisir des juges idéologiquement proches, alors que le système en vigueur contraint majorité et opposition au compromis.
Ce projet de réforme avait provoqué la colère de l’opposition, le malaise d’une partie de la magistrature, mais aussi l’inquiétude de la Commission européenne, qui avait exprimé publiquement ses réserves. Le gouvernement avait finalement suspendu cette réforme pour reprendre les négociations avec le PP, ce qui avait été salué par Bruxelles.