F. LOPEZ (Adenium TV) : «J’ai toujours arrêté mes émissions en plein succès»

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Pour sa dernière aventure à l’autre bout du monde dans «Rendez-vous en Terre Inconnue» ce mardi soir sur France 2, Frédéric Lopez est accompagné du spationaute Thomas Pesquet. Ensemble, ils partent à la rencontre des Kogis, sur les terres de la Sierra Nevada, en Colombie. Entretien avec Frédéric LOPEZ, Animateur & Producteur (Adenium TV France).

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Pourquoi avoir décidé d’arrêter «Rendez-vous en terre inconnue», un programme qui est pourtant fortement identifié à vous ? 

FRÉDÉRIC LOPEZ

Comme vous le savez, j’ai décidé de passer le relais à Raphaël de Casabianca qui anime «Échappées belles» (France 5). Je suis très heureux d’avoir trouvé quelqu’un de sincère, qui aime les gens et qui ne triche pas, pour reprendre la suite. Avec Franck Desplanques, le rédacteur en chef du programme, nous avons vécu des émotions très fortes pendant toutes ces années. Bizarrement, on ne parlait pas de cette difficulté à nous en remettre. Pourtant, des invités nous disaient clairement : «C’est cruel, ton truc ! Tu nous présentes des gens formidables, et quand on les aime, on leur dit adieu!». Et puis, quand Thomas Pesquet, un scientifique avec une sensibilité d’ingénieur vous dit «C’est brutal», on finit par réaliser ce qu’on s’est infligé. Toutes ces émotions, ces déchirements et ces adieux, c’était beaucoup pour un seul homme. Il était peut-être temps de passer la main…

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Quelle a été la réaction du public ?

FRÉDÉRIC LOPEZ

Quand j’ai annoncé ma décision sur les réseaux sociaux, les internautes ont dit : «Merci pour ce que vous avez fait, on vous comprend». Je ne pensais pas être compris. C’est important pour moi de le dire. Je sais aujourd’hui que j’ai fait le bon choix.

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Comment avez-vous abordé le tournage de ce dernier numéro ?

FRÉDÉRIC LOPEZ

J’étais conscient que tout ce que je vivais, c’était pour la dernière fois. D’une part avec mon équipe, avec qui j’ai parcouru le monde, dans des conditions extrêmes… Je suis entouré des gens les plus doués du métier sur le plan mondial – comme le réalisateur, Pierre Stine. Ce sont des talents qui mettent tout en œuvre pour arriver à un film qui, on l’espère, va toucher des millions de gens. Ensemble, on est allés dans le cœur des hommes. C’était comme un huis clos au sein de paysages époustouflants. D’autre part, il y a la confiance, à la fois des invités qui partent les yeux fermés, et celle des gens qui nous reçoivent. Je continuerai jusqu’à mon dernier souffle à être bouleversé par cette confiance qui nous est donnée…

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En quinze ans d’émissions, que retenez-vous ?

FRÉDÉRIC LOPEZ

Toutes ces rencontres, dans des environnements extrêmes, avec des gens différents en apparence. Les peuples autochtones m’ont appris qu’il n’y a pas une seule représentation du monde. Dans les Cévennes, où je suis parti pour «Nos Terres inconnues», j’ai retrouvé les mêmes valeurs. On s’est rendu compte là-bas, que les gens parlaient tous de liens, entre eux, à la nature, et de respect.

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Exportez-vous vos formats ?

FRÉDÉRIC LOPEZ

J’ai refusé de vendre «Rendez-vous en terre inconnue» parce que je connais trop le monde de la télévision. Les détenteurs du format auraient pu débarquer aux mêmes endroits que nous, sans faire de repérages. J’imaginais mal les Mentawaï recevoir les Japonais, les Allemands, les Italiens et les autres. En revanche, je rêve toujours de faire une version anglo-saxonne de «Rendez-vous en erre inconnue» avec mon équipe et notre éthique.

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Que recherchez-vous à la télévision ?

FRÉDÉRIC LOPEZ

Ce que je recherche, c’est la sincérité et la pureté. Pas de gens fake.

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La sincérité, peut-on la trouver sur un plateau de télévision classique ?

FRÉDÉRIC LOPEZ

Oui, parce que je l’ai vécue avec «Mille et une vies», une émission de témoignages sur France 2 la saison passée. Je suis convaincu qu’elle aurait cartonné en hebdo.

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Quel type de producteur êtes-vous ?

FRÉDÉRIC LOPEZ

Je suis plus un artisan qu’un industriel. J’ai besoin de passer des semaines en montage. Sur «Rendez-vous en terre inconnue», je connais chacun des plans, chacune des musiques et des discussions. Je suis content que le service public me donne la possibilité de le faire. Faire vivre ma société de production avec deux émissions par an, c’est compliqué mais c’est mon choix. J’ai toujours arrêté mes émissions en plein succès, de «Panique dans l’oreillette» à «La parenthèse inattendue».