Fanny Herrero : la reine française des séries de retour sur Netflix

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Elle a cartonné dans le monde entier avec «Dix pour cent» et sa prochaine série sur le milieu du stand-up, «Drôle», pourrait sacrer Fanny Herrero reine française des séries sur Netflix. Le feuilleton de six épisodes suit quatre jeunes cherchant à percer dans le milieu très compétitif du stand-up parisien. L’idée de la série est venue grâce à une suggestion de nul autre que le «roi du stand-up». «J’ai dîné une fois avec Gad Elmaleh et il me dit: «Tu connais un peu la scène du stand-up parisien en ce moment ? Il y a plein de comedy clubs qui ouvrent»», se rappelle la scénariste de 48 ans. «J’étais une grande fan de Blanche Gardin, je connaissais bien la génération Gad, Jamel, Foresti… mais pas la nouvelle scène», ajoute-t-elle. La première fois dans un comedy club a été «un coup de coeur artistique». «Sur le plateau, se sont succédé des jeunes entre 25 et 35 ans, des garçons, des filles de toutes les origines ethniques et sociales et qui parlaient politique, sexualité, pop culture, religion», raconte-t-elle. «Dix pour cent», qui décrivait la vie des agents d’acteurs, avait fait participer de vraies stars (Jean Dujardin, Isabelle Huppert, Sigourney Weaver…). «Dans «Drôle», ce ne sont pas les tapis rouges mais les caves», dit-elle. «J’ai adoré faire «Dix pour cent» mais, pendant trois saisons, j’ai eu affaire tout le temps à des stars et à la problématique du vrai et du faux. Je voulais m’en éloigner et être dans la pure fiction», explique Fanny Herrero. Choisir «des jeunes qui ne sont pas du tout connus, c’est pour avoir justement cette sensation de vérité». Il y a Mariama Gueye, qui joue Aïssatou, la talentueuse qui réussit à percer et doit jongler entre célébrité et vie familiale, Jean Siuen, dans la peau de Bling, en manque d’inspiration, Younès Boucif, qui incarne Nezir, doué mais timide, et Elsa Guedj en Apolline, la bourgeoise qui veut tenter sa chance et défie ses parents. «Je sens que cette femme, les seuls Arabes qu’elle ait jamais vus dans sa vie, c’est soit des Uber, soit des princes saoudiens… Je vous laisse deviner à quelle catégorie elle m’a assimilé», plaisante Nezir, qui s’inspire souvent de son milieu modeste pour ses vannes. Fanny Herrero et son co-auteur Hervé Lassïnce ont rencontré une série d’artistes de stand-up, écouté leurs podcasts, et consulté des humoristes stars, dont Jason Brokerss, Shirley Souagnon ou Marina Rollman. Le tout pour «mettre en valeur» un art qui commence petit à petit à être pris au sérieux en France, alors qu’il est comme une «religion aux États-Unis». «J’ai du respect et de l’admiration pour ces artistes avec qui j’ai un lien de parenté car ce sont des auteurs», dit Fanny Herrero. «Ils passent des heures à peaufiner leurs blagues, à trouver le bon ton et répètent beaucoup». Pour les comédiens venus du milieu du théâtre, se mettre dans la peau de stand-uppeurs n’a pas été facile. «Au théâtre, il y a le quatrième mur (mur imaginaire séparant la scène de la salle). Ce n’est pas le cas dans le stand-up, on est proche des spectateurs et on leur parle», dit Jean Siuen. «Le métier d’humoriste, chapeau ! C’est très, très dur de trouver des vannes, de les mémoriser, de les interpréter et de faire rire», confie Mariama Gueye.Fanny Herrero se dit fascinée par les histoires des artistes. «Il y a un mec qui m’a raconté qu’il venait d’Alsace et que son père était imam. Il était marrant et racontait ça avec tendresse et rigolade. C’est une façon de parler de l’identité tout en nous faisant du bien». Pour la scénariste, le défi de se faire remarquer comme série ou artiste est presque similaire: «Il faut essayer d’être à la fois singulier et universel». «Il y a de plus en plus de séries, les spectateurs sont de plus en plus exigeants. Il faut tirer son épingle du jeu grâce à des personnages avec qui on a envie de rester pendant des heures».