France Télévisions: appel à la grève lundi contre la suppression programmée des JT nationaux de France 3 

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«Renforcement de l’offre régionale» comme l’assure la direction ou «régionalisation low cost» comme le craignent les syndicats ? Les salariés du siège parisien de France Télévisions sont appelés à la grève lundi contre la suppression programmée des journaux télévisés nationaux de France 3. C’est un «changement culturel majeur», avait reconnu le directeur de l’information de FTV, Laurent Guimier, en officialisant le projet début juillet: le groupe public entend supprimer dès septembre 2023 les journaux nationaux de France 3, le 12/13 et le 19/20. Ils seront remplacés par 24 éditions régionales, «ICI midi» et «ICI soir», qui intègreront des sujets sur l’actualité nationale et internationale. Le but affiché par la direction est d’adopter un «prisme local» dans un souci de «proximité avec les téléspectateurs». «Prenons l’exemple de la crise de l’énergie: on ne va pas la traiter de la même manière à Saint-Avold ou à Rennes, car ça n’a pas le même impact», avait argumenté la présidente de France Télé, Delphine Ernotte, le 6 juillet lors de la conférence de présentation de la rentrée du groupe. Mais ce projet, baptisé Tempo en interne, ne convainc pas les syndicats. Cinq des six organisations représentatives (SNJ, CGT, Unsa, CGT, Cfdt) ont appelé les salariés parisiens à la grève lundi. L’annonce de la suppression de ces «éditions historiques» a provoqué un «effet de sidération», assure Serge Cimino, du SNJ (Syndicat national des journalistes), qui voit dans le projet une «régionalisation low cost». 

«Mobilité» : Actuellement, l’offre d’info de France 3 le soir (englobant le JT régional et le 19/20 national) dure plus d’une heure vingt (de 18h30 à 19h55), alors que le créneau prévu pour ICI soir est «de 50 minutes, de 19h00 à 19h50», selon lui. 

Autre grief: le fait que «les contenus nationaux et internationaux des JT seront produits par franceinfo (la chaîne info du groupe, ndlr) et les services de la rédaction nationale» basés à Paris, comme décrit dans le projet de la direction. «Comme définition du local et de la proximité, ça me fait doucement rigoler», commente M. Cimino. Et les syndicats s’inquiètent des implications en termes de gestion du personnel, puisque cela pourrait amener certains salariés travaillant actuellement à Paris à déménager en province. Le projet prévoit ainsi un «dispositif d’accompagnement et/ou proposition de mobilité pour l’ensemble des salariés concernés». «Plus de 1.000 personnes sont directement concernées par cette réforme qui va toucher la nature même de leur activité», assure M. Cimino. «Au fil de l’eau, des départs, des mobilités, l’idée est de diminuer» les effectifs, craint Pierre Mouchel, de la CGT. En juillet, Mme Ernotte avait affirmé que Tempo n’obéissait «pas à une logique d’économies». L’annonce du projet était «prématurée car on était dans le contexte du débat sur le financement (la suppression de la redevance, ndlr) et la direction voulait montrer qu’on était proactifs sur les évolutions», estime M. Mouchel, en pointant un manque d’informations précises. Selon l’échéancier de la direction, une période de «co-construction du projet» avec les salariés s’ouvre en ce mois de septembre pour s’achever en juillet 2023. «On nous demande de co-construire un projet alors qu’on connaît déjà la fin», déplore Serge Cimino.