France Télévisions mise sur le documentaire numérique pour se démarquer de la concurrence

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France Télévisions veut développer des documentaires spécialement conçus pour le numérique et estime que ce genre, très apprécié du public et moins concurrentiel que la fiction, peut lui permettre de se démarquer de la concurrence, ont indiqué ses dirigeants mercredi au festival Fipadoc. «France Télévisions est en mutation parce qu’en face de nous les usages commandent des changements importants», a indiqué Takis Candilis, le directeur général délégué aux antennes et aux programmes, en détaillant la nouvelle organisation du groupe. France Télévisions, qui produit 9.000 documentaires chaque année, a sanctuarisé le budget consacré au genre jusqu’en 2022, malgré le plan d’économies en cours, avec 101 millions d’euros par an. «C’est le genre de programmes que seule la télévision publique produit et c’est extrêmement prisé par les téléspectateurs, qui leur donnent les meilleures notes lors de nos études qualitatives», explique Nathalie Darrigrand, directrice des programmes du groupe. Cinq pour cent du budget documentaire sera consacré au documentaire numérique, avec l’exploration de formats, comme les séries documentaires, mais aussi des genres d’écritures, pour intéresser les plus jeunes. Le groupe a créé une nouvelle direction des documentaires (dirigée par Catherine Alvaresse) à laquelle sont rattachés deux conseillers de programmes numériques. «Le pari que l’on fait, c’est que la plateforme France.tv sera la première porte d’entrée sur nos antennes dans quelques années, et il faut qu’on ait des programmes d’appel très forts», estime Nathalie Darrigrand, ancienne patronne de France 5, la chaîne du documentaire. La nouvelle unité documentaire se découpe en quatre pôle thématiques : l’un dédié aux coproductions internationales, un autre à «histoire et culture», un «découverte et sciences» et un pôle «société et géopolitique».Le genre va monter en puissance sur France 2 avec la diffusion de documentaires animaliers le samedi soir en Prime Time. «Notre ambition, c’est de balayer l’ensemble des thématiques, la BBC n’a pas l’exclusivité du genre», estime la directrice des programmes. Si les productions de la chaîne britannique sont mondialement connues dans ce domaine, France Télévisions espère faire aussi bien avec des productions «spectaculaires», comme le «Planète Bleue» diffusée l’an dernier, qui avait fédéré un public plus familial que d’habitude.

Le groupe a choisi de mettre en avant au festival Fipadoc l’un de ses documentaires animaliers, «L’Odyssée du Loup», projeté en avant-première. En matière de coproductions internationales, France Télé a annoncé des projets comme «Lady Sapiens» grande enquête internationale sur les femmes préhistoriques. Sur l’histoire où il y a «une vraie appétence» selon Catherine Alvaresse, le groupe va proposer des «films nécessaires pour lutter contre le sectarisme, sans concurrence mémorielle, sans dogmatisme», à l’instar de son documentaire à succès «Histoire d’une nation». France Télé diffusera aussi «Décolonisation, du sang et des larmes» ou encore «La France de l’entre-deux-guerres». L’économie ne sera pas oubliée avec l’enquête «Le monde selon Amazon» tout comme la géopolitique, avec une mini série documentaire consacrée à l’Irak ou un documentaire sur le Brexit. Une partie du budget (12,2 millions) sera consacrée aux documentaires régionaux et d’outremer, avec l’ouverture d’une nouvelle case en Prime Time sur les Premières (chaînes locales outremer).