G. DAGOGNET (franceinfo) : «Nous faisons le pari de la différence»

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Germain DAGOGNET, Directeur délégué de franceinfo pour France Télévisions

franceinfo, la chaîne d’information continue de France Télévisions trace sa route. Positionnement à part entière, logique de cases, différenciation dans un univers fortement concurrentiel, Germain DAGOGNET, directeur délégué de franceinfo pour France Télévisions nous éclaire sur les enjeux et les perspectives de la saison.

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franceinfo trace son sillon. Où conduisez-vous cette chaîne info ?

Germain DAGOGNET

Depuis la création de la chaîne, nous n’avons de cesse d’améliorer notre offre pour tenir notre promesse éditoriale : décryptage de l’actualité, originalité du ton et des formats, lisibilité de la grille et identification des rendez-vous. Ces évolutions permanentes sont le fruit de retours que l’on a reçus, à la fois d’études qualitatives auprès du public mais aussi d’un questionnaire adressé aux journalistes de la rédaction nationale. C’est au travers de rendez-vous que l’on espère fidéliser. Nous proposons 4 grandes tranches d’info que nous appelons dans notre jargon «les tranches rouges» : le 6h30-9h30 avec Samuel Etienne et Karine Baste-Régis, le 11- 13h une nouvelle tranche incarnée par Djamel Mazi, le 18-20h de Louis Laforge et Sorya Khaldoun que nous avons renforcé en ajoutant un édito et une interview politique portée par Gilles Bornstein, et enfin, le 22h-minuit incarné par Julien Bénedetto et Clémence de la Baume que nous avons musclé avec une série de chroniques culturelles et sportives.

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Un an après son lancement, franceinfo a davantage de succès en ligne qu’à la télévision. Est-ce frustrant ?

Germain DAGOGNET

C’était prévu ainsi. Pour son année de lancement, Delphine Ernotte nous avait demandé de faire de franceinfo.fr, le site de référence. Nous avons gagné ce pari durant les 3 mois de la campagne électorale puisque nous avons été le 1er site d’actualité. Dès le premier jour, nous n’avions pas d’objectifs d’audiences sur la TNT. Les habitudes de consommation sont beaucoup plus lentes sur la télévision linéaire. Nous délinéarisons beaucoup ce que nous produisons pour la chaîne. Cet apport vidéo a dopé le site, l’appli et leurs audiences. Il nous arrive d’enregistrer 100 millions de vidéos vues/mois. Nous savons qu’il y a plus de 3 millions de téléspectateurs qui passent chaque jour sur le canal 27. Notre matinale fonctionne bien. Si on regarde le parcours des autres chaînes d’information, deux ans après son démarrage, BFMTV était encore à 0,2% de pda. Il faut du temps pour créer une habitude.

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Les relations entre les rédactions radio/TV de franceinfo sont-elles apaisées ?

Germain DAGOGNET

Nous sommes sereins. Ces derniers mois, nous avons eu besoin – et c’est normal – de moments de réglages pour coordonner trois communautés éditoriales, trois rédactions : web, tv et radio.

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Pour se distinguer d’une concurrence rude avec le leader BFMTV, le challenger LCI et CNEWS, sur quoi mise franceinfo ?

Germain DAGOGNET

Nous faisons le pari de la différence. Que ce soit dans l’écriture, à l’image, dans le décryptage, les modules, le ton employé et la façon dont nous filmons l’actualité. Nous n’avons pas deux journalistes troncs derrière un bureau. Nous sommes beaucoup plus en mouvement que les autres. Nous avons voulu casser un certain nombre de codes. Nous travaillons intensément ces éléments de différentiation que les téléspectateurs perçoivent car ils valorisent l’innovation dont fait preuve notre antenne. Ils ont des exigences plus importantes à notre égard, parce que nous sommes le service public. Notre spectre est plus large en termes d’actualité. Il y a des choses que vous voyez sur franceinfo et nulle part ailleurs. Nous n’avons pas attendu un ouragan pour proposer trois fois par jour un journal de l’outre-mer grâce à la contribution des rédactions du réseau 1ère de France Télévisions! Nous ne sommes pas focalisés sur l’actualité franco-française. On essaie d’aborder des sujets beaucoup plus larges qui nécessitent du décryptage. Je ne remets pas en cause les choix de la concurrence mais nous cherchons à traiter une actualité toujours en profondeur.