Hervé COLLIGNON (ATKearney) : «L’internet des objets générera 1.000 milliards € d’économie d’ici à 2025»

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Hervé COLLIGNON, Associé chez ATKearney

Selon une étude d’ATKearney, l’internet des objets offre à l’Union européenne un potentiel économique de près de 1.000 milliards d’euros d’ici à 2025. Une opportunité à saisir par les entreprises européennes, comme nous le confirme Hervé COLLIGNON, Associé chez ATKearney. 

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L’internet des objets sera-t-il le prochain relai de croissance numérique ? 

Hervé COLLIGNON

Absolument ! L’internet des objets correspond en réalité à la 2ème phase de l’internet tel qu’on le connaît aujourd’hui. Après avoir connecté les humains entre eux, c’est au tour de près de 50 milliards de machines et d’objets d’être connectés. En matière d’impact, nous avons calculé ce que représente ce nouveau marché dans le secteur High Tech, mais aussi l’impact sur la productivité dans de nombreux secteurs industriels. Nous estimons que l’internet des objets représente un potentiel économique de près de 1.000 milliards d’euros d’ici à 2025. L’Europe dispose des potentiels technologiques, industriels et réglementaires pour prendre la pole position dans cette nouvelle révolution digitale, mais cela nécessite des choix stratégiques immédiats.

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L’internet des objets n’en est-il qu’à ses balbutiements en 2016 ? 

Hervé COLLIGNON

Oui, c’est vrai. Sur les 1.000 milliards d’euros que nous prévoyons, une centaine de milliards seront liés à de nouveaux produits. Les 900 milliards restants seront issus de la productivité gagnée. En 2025, le cabinet prévoit 26 milliards d’objets connectés en service dans l’Union Européenne. De quoi générer, d’ici à 10 ans, un marché de 80 milliards d’euros pour les solutions d’Internet des objets, dont 10 milliards rien que pour les composants électroniques.

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Comment les secteurs «audiovisuel» et «télécom» vont-ils évoluer en ce sens ? 

Hervé COLLIGNON

L’audiovisuel et les télécoms sont deux acteurs adjacents à cette révolution numérique déjà bien entamée. De nouveaux entrants profitent déjà de l’internet des objets pour parler différemment aux téléspectateurs et produire des contenus moins chers. Les acteurs traditionnels se sont fait un peu «disrupter» (fortement perturber, ndlr). Pour les télécoms, c’est un peu pareil. Avant, les opérateurs nous mettaient en relation les uns avec les autres. Aujourd’hui, ce sont les réseaux sociaux qui le font. Quant à la TV connectée, des fabricants comme Samsung ou LG sont particulièrement actifs dans ce domaine. Demain, leurs téléviseurs pourront gérer tous les objets connectés de la maison. Le foyer connecté est un champ de bataille qui oppose différents types d’acteurs. Il y a ceux qui s’intègrent par la box ou la TV, et ceux qui investissent la domotique (ensemble des technologies de l’électronique de l’informatique et des télécoms appliqué à l’habitat, permettant d’automatiser, de programmer et de contrôler à distance tous les appareils de son logement, ndlr). Les chaînes de TV sont devenues un service parmi d’autres.

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Quels sont donc les enjeux et les règlementations à prévoir ? 

Hervé COLLIGNON

Tous les secteurs doivent se poser la question de l’internet des objets dans la façon de vendre leurs services et équipements. De nouveaux entrants ont perçu le potentiel de cette nouvelle économie et n’hésiteront pas à casser les prix de façon radicale. Les pouvoirs publics ont un rôle à jouer pour favoriser ce développement technologique pour les grandes entreprises établies et les startups. L’Etat est mobilisé pour sécuriser et faire respecter la vie privée. Une législation européenne commune sur l’obligation de la transparence dans la collecte de données et un durcissement de l’arsenal législatif pour les contrevenants sont à encourager.