Huawei : le fleuron technologique chinois intrigue autant qu’il inquiète

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Numéro 2 sur le marché des smartphones, champion des équipements télécoms, le fleuron technologique chinois Huawei intrigue autant qu’il inquiète.

– Qu’est-ce que Huawei? : Fondé en 1987 à Shenzhen par un ex-ingénieur de l’Armée populaire de libération, Ren Zhengfei, Huawei est un géant des télécommunications, présent dans 170 pays et dont le chiffre d’affaires a dépassé 100 milliards de dollars en 2018. Son expansion géographique et ses lourds investissements en recherche et développement l’ont positionné comme un acteur-clé de la 5G et en font un enjeu stratégique crucial pour les ambitions technologiques de la Chine.

– Mastodonte des smartphones : Huawei a livré 206 millions de smartphones dans le monde sur l’année 2018, derrière le sud-coréen Samsung et au coude-à-coude avec l’américain Apple, selon le cabinet IDC. Au 3t 2019, les ventes du géant chinois ont bondi de 28% sur un an, à 66,6 millions d’unités, dépassant Apple (46,6 millions d’unités) pour se rapprocher du leader Samsung (78,2 millions de smartphones). Mais le groupe a récemment connu un repli de ses ventes en Europe, reflet des controverses dont il est l’objet.

– Géant de la 5G : La future génération de technologie mobile est censée rendre les connexions quasi-instantanées et accroître la capacité de transmission des données. Par ses investissements, Huawei a su se rendre indispensable dans la fourniture des équipements pour ces réseaux, devenant le 1er équipementier mondial devant le suédois Ericsson et le finlandais Nokia. Huawei a annoncé mi-octobre avoir passé la barre des 400.000 antennes 5G livrées dans le monde auprès de 56 opérateurs ayant déjà entamé les déploiements, dont une trentaine d’opérateurs européens.

– Pourquoi inquiète-t-il ? : Le passé militaire de Ren Zhengfei, son appartenance au Parti communiste et la culture d’entreprise opaque chez Huawei ont largement alimenté les soupçons sur l’influence de l’Etat chinois sur le groupe. Accusations démenties par Huawei. Les États-Unis ont également affiché leur crainte de voir les services de sécurité chinois utiliser les réseaux de Huawei à des fins d’espionnage ou de cyber-attaques, redoutant que la législation chinoise oblige Huawei à coopérer – inquiétude partagée par plusieurs pays occidentaux.

– Offensive des Etats-Unis: Les Etats-Unis ont placé le géant chinois sur liste noire au printemps 2019, interdisant aux sociétés américaines de services et de composants de commercer avec la firme chinoise: un coup très dur pour Huawei, qui se voit également privé d’accès au système d’exploitation Android de l’américain Google.

– L’Europe divisée, la France sur le qui-vive : Plusieurs pays dont l’Australie et le Japon ont interdit à la firme chinoise de participer au déploiement de la 5G, tandis que les Etats-Unis faisaient pression sur les pays européens pour faire de même. La Nouvelle-Zélande, elle, a fait marche arrière pour laisser la porte ouverte à Huawei. L’Europe apparaît divisée: Londres a indiqué vouloir prendre en considération l’importance des relations en matière de renseignement avec les Etats-Unis avant de décider d’exclure ou non Huawei de ses infrastructures. L’Allemagne n’a pour l’heure pas exclu Huawei des appels d’offres, adoptant une résolution autorisant l’accès à l’infrastructure 5G à des entreprises «qui respectent de manière vérifiable un catalogue de sécurité clair». En France, la loi sur la sécurité des réseaux n’interdit pas formellement Huawei mais le principe de validation des équipements laisse au gouvernement le dernier mot quant à l’utilisation éventuelle des équipements Huawei par les opérateurs.