J. BUGIER (France 2) : «Délocaliser le 13h en fonction de l’actu, nous allons le faire»

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Nouveau challenge pour Julian Bugier qui incarne depuis janvier le nouveau JT de 13H de France 2. Comment appréhende-t-il l’exercice, comment se positionne-t-il par rapport à la concurrence ? Comment renouvelle-t-il le genre en tant que challenger ? Entretien.

Comment appréhendez-vous au quotidien l’exercice du JT de 13h sur France 2 ?

Mon enthousiasme est permanent à l’idée de relever ce pari quotidien. Cela fait longtemps que je fais ce métier. C’est un gage de confiance énorme que m’offre la direction de France Télévisions. Le 13H est un rendez-vous avec lequel je suis en adéquation, puisque nous sommes tournés sur l’actualité, les territoires et la proximité. Le 13h est une édition particulière, plus en rondeur, plus simple et accessible où la proximité est plus forte que dans l’édition du 20h. Nous avons conservé les fondamentaux qui font le succès du programme. Il ne s’agit pas de renverser la table. C’est une édition populaire et exigeante à laquelle notre public est très attaché. Nous venons l’enrichir avec un rubriquage plus marqué sur la deuxième partie du journal qui est davantage magazine. Nous l’avons accentué sur trois pôles : 1) Proximité, patrimoine, transmission. 2) La santé qui prend une place particulière à l’heure du Covid. Et 3) la consommation, une problématique quotidienne, qui vient s’enrichir d’une rubrique «Derrière l’étiquette».

«Proximité» et «territoire», deux thématiques que propose aussi le JT de TF1…

La «proximité» et les «territoires» sont dans l’ADN du service public, notamment à travers France 3 qui a un maillage territorial unique en Europe. Dans l’édition de 13h de France 2, telle qu’elle existait avant moi, ces thématiques étaient largement traitées. Je souhaite aujourd’hui renforcer la proximité des territoires et de la transmission. Le fossé générationnel qui était vrai il y a quelques années entre les jeunes et les plus anciens est de moins en moins véridique. Je voudrais que l’on arrête avec cette dichotomie pour fracturer les générations. La France est une communauté de destins qu’il faut raconter dans son ensemble. Le deuxième levier est l’interactivité, une vraie singularité du JT de la Deux. On part sillonner la France pour raconter les idées citoyennes.

Quel est le modèle qui vous a inspiré en télévision ?

J’avais une certaine fascination pour le journalisme à l’anglo-saxonne, multicarte, à la fois très débridé, cash, direct, avec de grandes figures comme Dan Rather ou Anderson Cooper. C’est une forme de journalisme sans filtre où l’on mélange des genres. Cela commence à émerger dans la télévision française. Ce journalisme à l’anglo-saxonne s’appuie sur plusieurs ressorts comme l’actualité brute, l’interview cash et le ressort émotionnel, tout en racontant des histoires individuelles. Ce sont des journalistes-présentateurs stars qui avaient l’opportunité de partir sur le terrain pour incarner leur matière. Ce qui se faisait peu dans le schéma français où il y avait d’un côté le présentateur et de l’autre le reporter. Moi, je préfère le mélange des genres.

Vous pourriez donc délocaliser régulièrement vos JT ?

Oui, nous allons le faire. Le 13H est un rendez-vous en phase avec son époque. Il faut que notre journal ressemble à cette société en mouvement, en sortant du plateau pour faire des journaux hors les murs. Que ce soit pour des faits d’actualité fort, mais aussi sur de l’événementiel.

Avez-vous négocié des spéciales sur France TV ? Je reste en charge des éditions spéciales qui sont des moments de communion nationale, souvent autour du mémoriel. C’est un exercice très complémentaire au JT.