Jean-François BOYER (APA/Tetra Media Studio) : «La France a un vrai retard sur la représentation des jeunes à la TV»

Jean-François BOYER, Président de l’Association pour la Promotion de l’Audiovisuel et Producteur pour Tetra Media Studio

13ème édition à Paris ce mardi 28 juin de 9h30 à 18h00, au Studio Gabriel à Paris. Les détails avec Jean-François BOYER, Président de l’Association pour la Promotion de l’Audiovisuel et Producteur pour Tetra Media Studio.

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La 13ème Journée de la Création TV réunit l’ensemble des professionnels de l’audiovisuel autour de débats. Quid de cet événement ?

Jean-François BOYER

La Journée de la Création TV revient à Paris. Pendant quatre ans, nous avions fusionné avec le festival «Série Séries» à Fontainebleau. Nous avons jugé ensemble que le rendez-vous ayant pris suffisamment d’ampleur, la Journée de la Création TV pouvait revenir sur la Capitale. Monté en partenariat avec la Commission des Affaires Culturelles du Sénat, le colloque est aussi une émission de télévision retransmise sur Public Sénat, et pour la première fois sur TV5Monde. A l’heure où il y a moins d’argent mais aussi moins de désirs dans nos métiers de la création, ce genre d’événement me semble indispensable.

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Un des débats proposés sera intitulé «Où sont les jeunes à la télévision ?». Pouvez-vous nous en parler ?

Jean-François BOYER

La France a un vrai retard sur la représentation des jeunes à la TV, dans les contenus, ou même au cœur de nos métiers. Que ce soit chez les créateurs, les diffuseurs, ou chez les téléspectateurs, un constat : les jeunes sont absents. Comme en attestent les moyennes d’âges vieillissantes des téléspectateurs, la télévision ne semble plus capable de s’adresser à sa jeunesse. Par exemple, il n’y a plus de fiction jeunesse. Il y a encore 7 ans, France 2 en proposait. Comment voulez-vous pousser les jeunes téléspectateurs à avoir le goût des séries françaises s’ils ne voient pas de séries qui leur sont destinées ? La télévision semble également réticente à faire contribuer les jeunes à la fabrication de ses œuvres, et plus généralement à lui faire une vraie place dans une industrie pourtant vieillissante.

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Les jeunes ne sont-ils pas simplement consommateurs de contenus sur YouTube ?

Jean-François BOYER

Ils vont sur YouTube pour visionner des sketchs – certes drôles – mais qui ne vont pas forcément créer de rendez-vous, contrairement à ce que nous faisons pour la télévision. Sur YouTube, il n’y a pas de modèle économique. A part quelques créateurs qui s’en sortent comme Norman, le modèle pérenne de création de contenus de qualité est inexistant. C’est un vrai problème pour nos créateurs français qui n’ont pas les moyens de produire dans la durée, des choses de qualité.

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Autre débat, l’hyper concentration dans les médias. Ce mouvement est-il un ennemi de la création ?

Jean-François BOYER

C’est un phénomène très français d’opposer les approches les unes aux autres. En revanche, nous pouvons trouver un moyen de réconcilier les points de vue et d’avoir des petites entreprises dynamiques. C’est une des richesses du système français de continuer à préserver de nombreuses sociétés de production. Cela a permis à Luc Besson de se retrouver en 20 ans à la tête d’un empire. Deuxièmement, il est bien aussi de constituer de grands groupes qui vont rivaliser avec la solidité des sociétés étrangères.