La 80ème Mostra de Venise entre dans sa dernière ligne droite avant le palmarès samedi

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La 80ème Mostra de Venise, marquée par la grève à Hollywood et l’invitation de cinéastes controversés, entre dans sa dernière ligne droite avec la projection des ultimes films de la compétition en vue du palmarès samedi soir. Les membres du jury présidé par Damien Chazelle, le réalisateur de «La La Land» et de «Babylon», doivent encore découvrir cinq films avant de décider qui succèdera au documentaire de Laura Poitras sur la crise des opiacés aux Etats-Unis, qui avait remporté le Lion d’Or l’an dernier. Parmi ceux qui doivent encore fouler le tapis rouge, le Français Stéphane Brizé, venu présenter «Hors-Saison», un drame avec Guillaume Canet et Alba Rohrwacher, ou le réalisateur mexicain Michel Franco, pour une production avec Jessica Chastain et Peter Sarsgaard, «Memory». C’est à ce dernier que reviendra l’honneur de clôturer vendredi soir la compétition, où quelques favoris se détachent déjà, comme le film du réalisateur grec Yorgos Lanthimos, qui tient la corde chez les critiques avec «Pauvres créatures», un Frankenstein au féminin où Emma Stone incarne une créature candide qui fait son éducation sentimentale et sexuelle. «La Bête», voyage à la David Lynch signé du Français Bertrand Bonello, avec Léa Seydoux, a également fait forte impression, tout comme «Green Border», un film polonais à forte résonance politique, qui décrit le calvaire de migrants cherchant à rejoindre l’Europe. Ouverte le 30 août, la Mostra de Venise a été le premier grand festival frappé de plein fouet par la grève historique en cours à Hollywood, où scénaristes et acteurs se battent pour une juste rémunération et l’encadrement de l’utilisation de l’intelligence artificielle. Les rares stars internationales qui ont fait le déplacement, comme Adam Driver ou Mads Mikkelsen, en profitant de dérogations accordées par leur puissant syndicat aux productions indépendantes, ont exprimé leur soutien aux grévistes. Léa Seydoux, elle, a fait savoir qu’elle préférait ne pas venir parader sur le tapis rouge «tout en sachant très bien que des milliers d’acteurs et de scénaristes se battent pour sauver leur gagne-pain». La Mostra s’est également distinguée en sélectionnant trois cinéastes visés par le mouvement #MeToo, qui dénonce les violences sexistes et sexuelles. Le premier d’entre eux, Luc Besson, contre lequel des accusations de viol ont été portées avant d’être définitivement écartées par la justice française cette année, n’a pas vraiment emporté l’adhésion en compétition avec «Dogman», thriller empruntant à la fois aux «101 Dalmatiens», à «Joker» et à «La Môme». Woody Allen, répudié par l’industrie du cinéma américaine, a pu constater à Venise qu’il était toujours populaire en Europe, une foule de journalistes se pressant à la conférence de presse de son 50e film présenté hors compétition, «Coup de Chance», le premier tourné en français. Roman Polanski, qui fuit depuis plus de 40 ans la justice américaine après une condamnation pour des relations sexuelles avec une mineure, ne s’est pas déplacé à Venise, où son dernier film «The Palace», avec notamment Fanny Ardant, a reçu un accueil glacial et a été éreinté par la critique.Le directeur de la Mostra, Alberto Barbera, a justifié l’invitation de ces trois cinéastes en appelant à distinguer l’homme de l’artiste, mais sans convaincre les mouvements féministes, qui ont condamné la venue de ces hommes vus comme des symboles d’une certaine impunité dans le 7e art. Des collages sont d’ailleurs apparus à Venise pour dénoncer leur présence.