La désinformation orchestrée par les Etats, une tendance inquiétante pour la démocratie

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Les gouvernements ont de plus en plus recours aux réseaux sociaux pour manipuler et espionner les électeurs dans le monde, une tendance inquiétante pour la démocratie, selon le rapport d’une ONG publié mardi.Freedom House estime que la liberté sur internet est en déclin pour la neuvième année consécutive. Elle a trouvé des preuves de l’existence de «programmes avancés de surveillance des réseaux sociaux» dans au moins 40 des 65 pays passés en revue.

Dans certaines nations, les autorités choisissent de tout simplement couper l’accès à internet quand cela les arrange, tandis que d’autres font appel à des armées de petites mains pour manipuler les informations en ligne et en faire circuler des fausses de façon virale. «De nombreux gouvernements se rendent compte que la propagande fonctionne mieux que la censure sur les plateformes», explique Mike Abramowitz, président de l’ONG Freedom House.

«Les dirigeants autoritaires et populistes exploitent la nature humaine et les algorithmes pour conquérir des scrutins, faisant peu de cas des règles en place pour assurer des élections libres et équilibrées».

Dans 47 des 65 pays, des individus ont été arrêtés pour avoir tenu des propos d’ordre politique, social ou religieux sur internet, et des personnes ont subi des violences physiques pour leur activité en ligne dans au moins 31 pays. La Chine reste le pire pays en termes d’abus à la liberté sur internet, pour la quatrième année consécutive, alors que le gouvernement a intensifié ses efforts pour contrôler l’information sur les manifestations à Hong Kong ou le trentième anniversaire du massacre de Tiananmen.

Aux Etats-Unis, «les forces de l’ordre et les autorités qui s’occupent de l’immigration ont étendu leur surveillance, en contournant les mécanismes de transparence, de contrôle et de responsabilité qui auraient pu restreindre leurs actions», déclare l’ONG. «Les agents ont espionné, sans mandat, les appareils électroniques de voyageurs pour récolter des informations sur des activités protégées par la Constitution, comme les manifestations pacifiques», ajoute le rapport.

Freedom House a désigné le Soudan, le Kazakhstan, le Brésil, le Bangladesh et le Zimbabwe comme les pays où la liberté a le plus décliné sur internet cette année. Des améliorations ont été observées dans 16 Etats, l’Éthiopie en tête.

Mike Abramowitz a cependant cité des exemples où la technologie joue un rôle positif dans le changement démocratique, comme le Liban, où de nombreux individus «se rallient aux citoyens» pour appeler à des réformes.