La lanceuse d’alerte de Facebook accuse la plateforme de répandre la haine et appelle à un renforcement de la législation

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A picture taken on October 12, 2021 in Moscow shows the US online social media and social networking service Facebook's logo on a smartphone screen. (Photo by Kirill KUDRYAVTSEV / AFP)

L’ancienne employée de Facebook Frances Haugen a déclaré lundi devant des députés britanniques que publier du contenu haineux «est le meilleur moyen de croître» sur le réseau social, et appelé à un renforcement de la législation. Selon la lanceuse d’alerte, qui a fait fuiter des études montrant que Facebook a conscience de la nocivité de sa plateforme, sait «sans conteste» qu’elle répand la haine en ligne. 

L’informaticienne, qui a témoigné devant le Congrès américain ce mois-ci, a expliqué que Facebook utilise un système qui donne la priorité aux contenus qui font le plus de clics, invariablement ceux qui créent le plus d’opposition. «La colère et la haine sont la manière la plus facile de croître sur Facebook», a déclaré la lanceuse d’alerte, qui a quitté Facebook en mai. 

«Je suis profondément inquiète qu’il ne soit pas possible de rendre Instagram sûr pour des jeunes de 14 ans et je doute sincèrement qu’il soit possible de le rendre sûr pour quelqu’un de 10 ans», a-t-elle ajouté. Dans l’éventail d’échecs dont elle accuse Facebook, figure celui de réguler les groupes importants où prolifère la désinformation, ou encore le sous-investissement dans ses produits qui ne sont pas en anglais, mettant en danger des sociétés souffrant déjà de divisions ethniques et religieuses. 

Selon elle, une législation «flexible» et à jour sont nécessaires, alors que contenus et réseaux sociaux évoluent. «Il nous faut des moyens de demander des comptes à ces entreprises», a-t-elle ajouté, appelant à davantage d’interventions humaines plutôt que des algorithmes et l’intelligence artificielle. Dans le cadre de son projet de loi sur la sécurité en ligne, le gouvernement britannique envisage d’introduire des sanctions pénales contres les responsables des entreprises qui ne s’attaquent pas au contenu nuisible sur leur plateformes.

Le fondateur de Facebook Mark Zukerberg et le réseau social se sont déjà élevés contre les accusations de Frances Haugen et mis en avant ses initiatives pour lutter contre la haine en ligne.