Le patron de la conférence sur la sécurité de Munich, l’ex-diplomate allemand Wolfgang Ischinger, dit craindre des interférences étrangères, russes en particulier, lors des élections du 26 septembre qui marqueront la fin de l’ère Merkel.
«Les gouvernements et les Parlements ont été attaqués (lors de cyberattaques), ce qui a ébranlé la crédibilité du processus politique», souligne l’ancien ambassadeur à Washington et Londres.
«Au Bundestag allemand, une énorme quantité de données a été volée ces dernières années, ce qui fait craindre que les élections puissent également être manipulées», met en garde celui qui dirige la conférence annuelle sur la sécurité de Munich, une grand-messe qui réunit chaque année dirigeants, diplomates et experts.
La chambre basse du Parlement allemand a notamment été la cible d’une vaste cyberattaque en 2015, imputée à la Russie.
D’autres attaques, de moindre envergure, ont été encore menées ces toutes dernières années. «Je serais surpris que la partie russe n’ait pas intérêt à s’assurer que ceux qui appellent à une répression plus sévère de la Russie ne remportent pas si possible les élections», poursuit M. Ischinger. Le candidat conservateur, Armin Laschet, grand favori de l’élection, a notamment accusé la Russie de «défier nos valeurs» et d’avoir violé le droit international en annexant la Crimée. Deuxièmes dans les sondages, les Verts et leur candidate Annalena Baerbock sont encore plus virulents, au point de remettre en cause le controversé projet de gazoduc Nord Stream 2, reliant la Russie à l’Allemagne.
M. Ischinger a remis cette semaine au Parlement européen un rapport sur la souveraineté numérique, appelant l’Europe à mieux s’armer en matière de protection des données.
En comparaison de la Chine ou des Etats-Unis, «nous avons donc encore beaucoup de travail à faire pour maîtriser ces questions de protection, de traitement et d’utilisation des données», souligne l’ex-ambassadeur, dont le rapport promeut le lancement de «programmes de sécurité multinationaux et européens».
«Celui qui a les données a le pouvoir, et celui qui peut gérer les données a le pouvoir», résume-t-il.
Les pays européens, pourraient ainsi, préconise le rapport, «posséder et exploiter leurs propres clés cryptographiques à l’échelle nationale ou européenne, en renforçant la coopération entre les chercheurs et les utilisateurs de cryptage dans le domaine de la sécurité et de la défense».
Le développement accéléré de la technologie 5G pourrait faciliter le mouvement, estime le rapport.
La 5G pourrait en effet «permettre d’améliorer la vitesse et la sécurité des informations transportées, notamment dans les systèmes de renseignement, de surveillance et de reconnaissance».