Le marché français de la musique enregistrée en hausse de 6,4% en 2022

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«Résiste, prouve que tu existes»: le tube de France Gall colle au marché français de la musique enregistrée, en progression de 6,4% en 2022 malgré un contexte économique délicat, selon les résultats dévoilés mardi par le Syndicat national de l’édition phonographique (Snep). C’est la 6ème année consécutive de hausse. Le Snep fait état d’un chiffre d’affaires de 920 millions d’euros l’an passé, avec une croissance «significative malgré un environnement complexe, marqué par l’incertitude économique» et «l’inflation». Les revenus des ventes retrouvent «leur niveau d’il y a 15 ans, mais n’atteignent que 52% du pic historique de 2002», précise l’organisme. Les ventes (donc, hors droits voisins et synchronisation des films, publicités, jeux vidéo), à hauteur de 766 millions d’euros, reposent «aux trois quarts» sur les «exploitations numériques». Soit 569 millions d’euros en comptant le streaming par abonnement et le streaming financé par la publicité. Les supports physiques, CD et vinyle, constituent le quart restant par rapport au numérique, «soit exactement l’inverse d’il y a 10 ans». Le streaming par abonnement, à hauteur de 426 millions d’euros, est en «progression de 11% par rapport à 2021», établit le Syndicat. Si «16 millions d’utilisateurs ont adopté le streaming payant, l’usage est encore loin de toucher au but dans la conquête de tous les publics», selon le Snep. Le «défi majeur» pour plateformes et producteurs est de «convaincre les consommateurs, jeunes et adultes, de franchir le pas de l’abonnement» pour atteindre «les niveaux des autres grands marchés de la musique», relève Alexandre Lasch, directeur général du Snep. La France n’est qu’en 16e position du classement mondial du streaming par abonnement (le trio de tête est composé de la Suède, patrie de Spotify, leader des plateformes musicales mondiales, du Royaume-Uni et des Etats-Unis). «C’est une progression à la française, en mode diesel», commente Olivier Nusse, président d’Universal Music France et vice-président du Snep. «Par rapport à d’autres pays arrivés à maturité du streaming par abonnement, nous avons des années réjouissantes devant nous», prédit Marie-Anne Robert, présidente de Sony Music France et membre du conseil du Snep. Parmi les autres challenges, Olivier Nusse s’attarde sur TikTok, plateforme «qui ne rémunère pas du tout à la hauteur qu’elle devrait la musique utilisée». Le dirigeant d’Universal Music France s’inquiète aussi «du temps passé» par les jeunes audiences sur TikTok, «temps qui manque au streaming payant». «Et cette tendance, on n’en voit que le début», insiste Olivier Nusse. Alain Veille, président de Warner Music France et membre du conseil du Snep, pointe lui les questions soulevées par l’intelligence artificielle: «C’est à la fois une vraie innovation, mais cela constitue aussi un point de vigilance à avoir pour la protection des droits (de propriété intellectuelle) de nos artistes». Pour en revenir aux supports physiques, le CD, deuxième source des ventes malgré une baisse de 25%, est talonné par le vinyle. Ce dernier, en hausse de 13%, représente «désormais 45% des ventes physiques, contre moins de 1% il y a 10 ans», souligne encore le Snep. C’est une tendance mondiale. Pour la première fois depuis 1987, il y a eu plus de disques vinyles vendus aux Etats-Unis en 2022 que de CD, preuve de l’engouement pour ce format rétro très à la mode. Enfin, les «projets des artistes produits en France et chantant en français» confirment «cette année encore leurs performances remarquables», avec «17 albums dans le Top 20» des ventes en 2022.Dans le Top 10, il y a même 100% de production française, avec deux artistes belges, Stromae et Angèle, mais qui sont produits dans l’Hexagone. De quoi s’enorgueillir par comparaison au marché du cinéma en France, marqué en 2022 par un Top 10 du box-office garni à 100% par des films étrangers.