Les chaînes gratuites désertent le terrain du sport

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Appétit financier grandissant des détenteurs de droits, bataille des chaînes payantes à coups de millions et crise du marché publicitaire : les chaînes gratuites désertent progressivement le terrain du sport, souvent au détriment des téléspectateurs, provoquant l’inquiétude des pouvoirs publics. «Nous avons toujours dit qu’un excès concurrentiel serait un appauvrissement des programmes. Aujourd’hui, nous avons 25 chaînes, (…) et le téléspectateur a perdu la F1 et la Champions League et a gagné Nabila», a lancé mardi Nicolas de Tavernost, le président du directoire de M6, lors d’une audition au Sénat. Au-delà de la formule, ces propos illustrent l’un des sujets de préoccupation en cette rentrée audiovisuelle. La raréfaction du sport gratuit à la TV est une tendance de fond, selon plusieurs acteurs du secteur. Dernier exemple en date, le passage de la Formule 1 de TF1, diffuseur des Grands Prix depuis 1992, à Canal+. La 1ère chaîne, qui jugeait les audiences de la F1 trop faibles, avait déjà été dépossédée de la Ligue des champions de football au profit de Canal+ et BeIn Sport.  Depuis juin 2012 et l’arrivée de la déclinaison française de la chaîne qatarie Al-Jazira Sports, la concurrence s’est renforcée. Canal+, qui n’avait pas l’habitude d’être concurrencée, à dû se positionner sur des disciplines diffusées en gratuit. Prochaines échéances qui seront observées à la loupe, la renégociation d’ici à la fin 2013 des droits télé de Roland-Garros, actuellement sur France TV, et le Top 14 de rugby, qui se joue aujourd’hui sur Canal+. «Nous n’avons l’intention d’abandonner aucune de nos compétitions. Ça fait l’objet d’un appel d’offres, ensuite, vous gagnez ou vous ne gagnez pas», explique Daniel Bilalian, le directeur des sports de France TV, tout en concédant qu’il faut «tenir compte» du plan de restriction budgétaire qui frappe le groupe audiovisuel public. «La ligne éditoriale de TF1 est de se positionner sur les grands événements  sportifs. A ce titre, nous allons être attentifs aux appels d’offres qui sortent et bien évidemment les regarder avec une grande attention», déclare un porte-parole de TF1.