Les jeunes journalistes de l’ONG Splann! lèvent près de 30.000 euros en un mois

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Ils s’étaient donné jusqu’à la fin avril pour atteindre ce but: les jeunes journalistes de l’ONG Splann!, le «Disclose breton», ont levé en un mois près de 30.000 euros pour financer des enquêtes sur l’agroalimentaire ou l’environnement. Lundi soir, l’association bretonne «lanceuse d’enquêtes» (https://splann.org) avait récolté 29.195 euros auprès de 605 donateurs sur une plateforme de financement participatif.
Pour Faustine Sternberg, cofondatrice, la rapidité de la levée de fonds «n’est pas une surprise». «On sent un vrai besoin de ce genre de formats, d’enquêtes poussées sur des sujets de fond», dit-elle.
Cette somme devrait permettre de financer trois enquêtes en 2021 sur des thématiques liées notamment à la «puissance de l’industrie agro-alimentaire» bretonne, aux «nouveaux modes de production d’énergie», à la corruption, aux «radicalisations des luttes sociales et environnementales» ou aux «atteintes aux libertés publiques», selon un communiqué.
Avec pour objectif de «faire des révélations, de déranger les pouvoirs et les potentats locaux», explique Sylvain Ernault, l’un des cofondateurs.
L’idée de Splann! («clair», en breton) est née après le premier confinement, à l’occasion d’une discussion entre de jeunes journalistes bretons et leur consoeur Inès Léraud, co-autrice avec Pierre Van Hove de la bande dessinée «Algues vertes, l’histoire interdite» (Delcourt). «Elle nous a présenté le modèle économique de Disclose», raconte M.Ernault.
Ce média à but non lucratif, sans actionnaire ni publicité et financé par le don, a récemment publié des révélations sur les essais nucléaires en Polynésie.
Les cinq cofondateurs de Splann!, âgés de 25 à 35 ans, salariés dans des radios ou journaux bretons, ont décidé de créer une «déclinaison régionale» de Disclose, tout en restant indépendants. «Les médias d’actualité n’ont pas forcément le temps de creuser certains sujets», explique Faustine Sternberg qui précise que Splann! veut nouer des partenariats avec des médias locaux et nationaux pour «qu’ils publient des enquêtes» mises à disposition gratuitement par l’ONG bretonne.
«L’idée, c’est que l’info soit ouverte à tous», explique-t-elle. La première enquête devrait être publiée à la fin du mois de mars et sera accessible gratuitement en français et en breton. D’autres suivront dans les mois qui viennent. «Depuis qu’on a lancé le site, on a beaucoup de messages nous disant: «vous deviez enquêter là-dessus»», raconte Sylvain Ernault. «Ça montre qu’il y a une demande forte».