Les producteurs à la recherche de documentaires écologiques et attractifs

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    Les producteurs et chaînes télévisées, réunis à La Rochelle, misent sur l’humour, la pédagogie et la réflexion pour ne pas rendre désespérants les documentaires qui surfent sur la vague écologique et «faire passer la pilule» sur l’état catastrophique de la planète. Depuis les succès de films tels «Une vérité qui dérange» d’Al Gore et l’émergence de la question écologique des Etats-Unis jusqu’en Chine, de nombreuses chaînes se sont lancées dans la course verte, mais à force d’images sur la fonte des icebergs, elles craignent une lassitude de l’audience. Lors d’un débat au «Sunny Side of the Doc», le marché international du film documentaire, les responsables de programmes de chaînes françaises et étrangères ont convenu d’une chose: il faut en finir avec le documentaire traditionnel où des bruits de tonnerre en musique de fond accompagnent des images sur le changement climatique. «On a souvent l’impression de voir le même documentaire cloné, qui dresse un interminable catalogue sinistre de tout ce qui détruit la planète», regrette Hervé Guérin, conseiller de programmes à l’unité documentaires de France 5. L’écriture documentaire doit selon lui «faire comprendre les noeuds des problèmes, tout en mélangeant les idées et les émotions, parce qu’une approche trop scientifique des choses empêche de faire passer le message». Ce n’est pas le parti pris de la chaîne franco-allemande Arte, qui veut en premier lieu donner la parole aux scientifiques. «Sur une thématique aussi anxiogène, il faut permettre au téléspectateur de comprendre, donc tous nos films sont axés sur les travaux des chercheurs et leurs prévisions», explique Hélène Coldéfy, directrice de l’unité Découverte et connaissance de la chaîne. Aux Etats-Unis, la programmation verte de Sundance Channel se veut clairement plus militante, reconnaît sa directrice, Rose Ann. «Notre but est de donner envie au public d’agir dans sa vie quotidienne, de réduire son empreinte écologique, d’exiger des produits sains pour la planète». Les programmes, dont certains sous forme de clips présentés par Robert Redford, sont sponsorisés par des entreprises, comme Lexus. Ils ciblent en priorité les spectateurs «intellectuels et progressistes». Avec une longueur d’avance sur la vogue du développement durable, la CBC (Canadian Broadcasting Corporation), qui programme depuis 48 ans une émission baptisée «The natural things», croit savoir qu’un bon scénario est la clé du succès. «On essaie toujours d’enterrer le message dans une bonne histoire, jamais alarmiste», résume le producteur Michael Allder. Les chaînes thématiques, elles, tentent de varier les formats et de ne pas se focaliser sur un sujet à la mode. Ushuaïa TV, par exemple, suit de près les colloques scientifiques, à l’affût de nouveaux enjeux environnementaux. John Webster, producteur finlandais de Millennium Film, a lui choisi le rire pour «faire passer la pilule». Il s’apprête à lancer en salles le film «Receipts for a disaster», mettant en scène une famille de classe moyenne ayant décidé de vivre écolo, entraînant des péripéties comiques. «C’est la classe moyenne qui peut changer la planète», pense-t-il. «Les gens ne veulent pas entendre parler du changement climatique parce qu’ils se protègent, alors il faut les toucher par l’humour. Soyez drôle pour dire la vérité!».