Les tentatives de désinformation lors de la période électorale française en 2022 ont eu des «effets limités»

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Les tentatives de désinformation et de manipulation lors de la période électorale française en 2022 ont été nombreuses sur les réseaux sociaux mais leurs effets pour remettre en cause la sincérité du scrutin sont restés limités, selon une étude publiée mardi. «On a eu de la chance en 2022» car les contenus «problématiques» observés en ligne sont restés cantonnés à certaines «communautés», a déclaré Théophile Lenoir, chercheur-associé à l’Institut Montaigne et co-directeur de l’étude, à laquelle ont notamment contribué les organisations Checkfirst, l’Institut des systèmes complexes (CNRS), le centre de recherches Geode (Université Paris 8) ou l’Institute for Strategic Dialogue (ISD). La mobilisation des pouvoirs publics sur les questions de désinformation, l’influence des médias traditionnels sur l’agenda médiatique et les réseaux de vérification mis en place par plusieurs médias avec des plateformes ont notamment participé à la résilience du système informationnel français, selon le rapport. Cependant, le développement des discours qui remettent en cause la validité des sondages, le comptage des voix ou contestent la légitimité de la réélection d’Emmanuel Macron, inquiète les chercheurs. Ceux-ci ont notamment repéré des théories directement importées des Etats-Unis, comme un prétendu accord secret passé entre l’Etat et la société Dominion, accusée par Donald Trump et ses soutiens d’avoir facilité des fraudes lors des élections américaines de 2020, pour fausser le résultat des votes en faveur du président sortant. Les chercheurs ont aussi relevé un «comportement inauthentique coordonné» concernant la campagne présidentielle d’Eric Zemmour, pour amplifier de manière artificielle de faux sondages sur les réseaux sociaux. Selon le rapport, la guerre en Ukraine et la disparition des médias «Russia Today» et «Sputnik» des grandes plateformes européennes a «fragilisé l’arsenal d’influence» de la Russie, pointée du doigt pour ses ingérences dans de précédents scrutins du monde occidental, et les stratégies de déstabilisations provenaient cette année d’acteurs domestiques. «L’influence étrangère qu’on craignait tant n’est pas si nécessaire que ça pour diffuser des rhétoriques visant à remettre en cause la légitimité des institutions démocratiques», estime Iris Boyer, co-directrice de l’étude et secrétaire générale de l’ISD France. Parmi les pistes de réflexion, le rapport recommande d’approfondir la régulation des grandes plateformes et d’améliorer la capacité d’analyse des groupes de diffusion sur les applications de messagerie, notamment Telegram, pour les chercheurs.