«Libération» : le directeur général Denis Olivennes, ambitionne de tripler le nombre d’abonnés du quotidien

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Le directeur général de «Libération», Denis Olivennes, ambitionne de tripler le nombre d’abonnés du quotidien en misant sur le «numérique» et «l’investigation», promettant que le titre restera «de gauche», dans une interview publiée jeudi sur le site du «Point».

«Nous voulons atteindre 110.000 abonnés en 2023, contre 40.000 aujourd’hui», a annoncé à l’hebdomadaire M. Olivennes, au lendemain de la nomination du journaliste franco-israélien Dov Alfon à la direction de la rédaction, succédant à Laurent Joffrin. «Dov Alfon va mettre en oeuvre la mutation de Libé vers l’abonnement numérique, comme il l’a fait» au sein du quotidien israélien Haaretz, dont il était le correspondant à Paris et qu’il a dirigé de 2008 à 2011, a assuré le co-gérant de «Libération».

Le journal, qui vient de retrouver son indépendance, «est et restera un quotidien de gauche», a-t-il également affirmé. «Ce sera le même quotidien, mais d’abord numérique et qui développera en particulier l’investigation, le reportage et l’opinion», a précisé M.Olivennes.

Son plan reposera sur «une nouvelle organisation» avec «un vrai service d’actualité, une rédaction «assise» comme dit Dov Alfon, qui va traiter l’actualité immédiate, et une rédaction «debout» qui va produire les contenus propres de Libé». Il s’appuiera sur de «nouveaux outils technologiques ultra-performants grâce à l’acquisition auprès du «Washington Post» de son logiciel de publication et de gestion des contenus numériques», et sur «les 180 journalistes de la rédaction», qui ont approuvé «à 90%» le projet de Dov Alfon.

Une mutation nécessaire, selon lui, alors que «Libé», qui se vend autour de 70.000 exemplaires par jour, accuse «structurellement 8 millions d’euros de pertes» par an. Pour atteindre «l’équilibre» financier, M. Olivennes entend en outre doubler le «chiffre d’affaires de la publicité» (qui ne représente que 10% du c.a. total actuellement, selon lui), en développant par exemple le «brand content» (production de contenus pour des marques).

Le quotidien a été transféré en début de mois par son ancien propriétaire Altice dans un fonds de dotation, une structure censée garantir l’indépendance du titre mais qui suscite depuis le début des interrogations chez les salariés.

Le fondateur d’Altice, Patrick Drahi, «s’est engagé à couvrir les besoins de financement du business plan, soit 17,4 millions d’euros et la clause de cession», un dispositif qui permet des départs volontaires, a précisé M. Olivennes. «Il est le donateur du fonds de dotation et pourra l’abonder si nécessaire» a-t-il rappelé, tout en disant espérer que Libé atteindra l’autofinancement.