M. ALDUY (France Télévisions) : «On cherche des coproductions internationales à grand spectacle, pour le grand public»

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Dès ce mercredi 27 octobre à 21h05, France 2 propose en Prime Time «Germinal», la nouvelle série internationale issue de l’Alliance coproduite avec son partenaire européen, RAI, et la plateforme SALTO. La chaîne publique propose une adaptation moderne et audacieuse de l’œuvre monumentale d’Émile Zola en six épisodes, avec aux commandes de jeunes talents ainsi qu’un casting européen d’exception. Entretien avec Manuel ALDUY, Directeur du Cinéma et du Développement International à France Télévisions.

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Fresque spectaculaire en six épisodes, «Germinal» est le fruit d’une collaboration européenne. Qu’en retenez-vous ?

MANUEL ALDUY

En 2018, le groupe France Télévisions a initié la création d’une Alliance avec la ZDF et la RAI. Dans ce cadre, différents projets ont été initiés et développés dont «Germinal», «Le Tour du Monde en 80 jours», «Leonardo», «The Swarm». Il s’agit de séries grand spectacle, exemplaires de l’ambition artistique et avec des moyens financiers dignes de coproductions internationales.

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Est-il aujourd’hui plus facile de monter des coproductions internationales ?

MANUEL ALDUY

La situation est assez paradoxale. Sur le marché, il y a beaucoup de projets de séries ayant une ambition internationale mais qui ne peuvent pas se contenter de financements locaux. Dans ce contexte, France Télévisions est repéré comme un lieu d’accueil pour des projets de très grande variété, et pas simplement au sein du paysage audiovisuel français. Pour deux des projets qui n’avaient pas été retenus par nos partenaires de l’Alliance en 2021, ils ont toutefois pu se monter grâce à une coproduction avec des plateformes de streaming. Ce n’est pas France Télévisions qui est à l’initiative de ce type de rapprochement mais les producteurs qui négocient leur partenariat avec les diffuseurs. Néanmoins, on a pu travailler en bonne intelligence avec ces acteurs de la SVOD.

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Vous vous retrouvez donc aujourd’hui avec deux schémas de coproduction ?

MANUEL ALDUY

Exact ! Le schéma privilégié est de convaincre nos partenaires diffuseurs européens, et principalement l’Alliance (la ZDF et la RAI) sur de nouveaux projets. Si nous n’y parvenons pas, on essaie de trouver un partenariat avec des plateformes autour d’un partage d’exclusivité. Pour la saison 2021-2022, notre priorité stratégique est de s’appuyer sur l’Alliance avec des séries ambitieuses. Hors Alliance, il est donc possible que nous arrêtions des développements. Une coopération entre diffuseurs européens, de surcroît de service public, est le mode de coproduction le plus harmonieux. A l’heure où les plateformes investissent de plus en plus dans la production audiovisuelle européenne, on ne veut pas se laisser embarquer dans une voie de coproductions systématiques avec des plateformes.

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D’autant qu’à l’origine, l’ambition des développements internationaux de France Télévisions visait à pallier la concurrence des plateformes…

MANUEL ALDUY

Le 1er objectif a été de trouver davantage de financement pour développer, produire et diffuser des séries plus ambitieuses, sans limite d’univers ou d’histoires. En production, les budgets sont généralement au-dessus des 2 M€ par épisode. Le 2ème objectif a été de trouver un mode de financement permettant de concurrencer les blockbusters américains, qu’ils viennent des plateformes ou d’ailleurs. A ce jour, nous avons du recul. Le marché a changé. Les plateformes mondiales (Amazon, Disney+, Netflix et bientôt HBOMAX) sont installées dans la quasi-totalité des territoires européens. Tous les diffuseurs traditionnels sont donc confrontés à la même concurrence, ce qui n’était pas le cas il y a 4 ou 5 ans.

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Avec l’Alliance, quel volume de séries souhaitez-vous produire ?

MANUEL ALDUY

Près d’une dizaine de séries par an. On cherche des fictions à grand spectacle, pour le grand public dans des registres artistiques variés. Nous levons un peu le pied sur les séries en costumes car il y en a beaucoup, notamment en fiction nationale dirigée par ma collègue Anne Holmes. Sur la coproduction internationale, nous cherchons des séries distinctives par rapport à la fiction nationale. Sans perdre de vue notre public actuel, nous voulons attirer un public plus jeune. C’est le sens de notre engagement sur «Cœurs noir», une série d’action et «Ouija», une série fantastique.

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Vivons-nous un âge d’or ?

MANUEL ALDUY

Du point de vue de la production, très clairement. En revanche, pour les diffuseurs, la situation n’a jamais été aussi compliquée en termes de concurrence. Chaînes gratuites, chaînes payantes et plateformes, toutes sont intéressées par les mêmes séries et les mêmes publics. Finalement, les deux gagnants sont le grand public, qui ne sait plus où donner de la tête, et les producteurs et auteurs.

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Quid de l’éditorialisation de l’offre cinéma sur France Télévisions ?

MANUEL ALDUY

Le travail se poursuit. Au vu de la concurrence et des audiences, nous allons faire quelques ajustements, notamment sur la nouvelle case du vendredi soir sur France 3. Nous sommes très satisfaits des collections cinéma lancées sur France.tv dans des registres très différents. Cette semaine, nous innovons avec une collection sur la Jap’animation. France.tv est très consommée en OTT, et son référencement sur les box des opérateurs est en cours. Autre élément de satisfaction, le réflexe replay qui s’impose sur les films de cinéma. Le gage d’une politique cinématographique diversifiée de service public, c’est notamment la possibilité de proposer à la demande les films que nous proposons en linéaire. Nous avons pu le faire grâce au soutien des distributeurs et des producteurs des films. On ne peut plus laisser le cinéma se ghettoïser par rapport à tous les autres genres audiovisuels dans un corner sans replay. En rythme de croisière, 400 films par an sont diffusés en linéaire et près de 200 films sur la plateforme (hors replay).