Martin Bouygues: un nouveau pas dans la préparation de sa succession

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Martin Bouygues, 68 ans et PDG du groupe éponyme depuis 31 ans, a annoncé jeudi qu’il passait la main en tant que directeur général, tout en restant président, un nouveau pas dans la préparation de sa succession entamée il y a plusieurs années. Le groupe a annoncé ce changement de gouvernance, effectif depuis mercredi, à l’occasion de la publication de ses résultats annuels, marqués par la chute de 40% du bénéfice net sous l’impact de la crise du coronavirus. C’est Olivier Roussat, jusqu’ici directeur général délégué, qui occupe désormais les fonctions de directeur général. «Je reste disponible pour servir le groupe mais le patron de Bouygues désormais c’est Olivier Roussat», a déclaré M. Bouygues au cours d’une conférence de presse téléphonique. «C’est pour moi un moment particulier de ma vie, chargé d’émotion», a-t-il expliqué, ajoutant que le géant du CAC 40 n’avait «connu que deux PDG» en 70 ans, lui-même et son père Francis Bouygues. «Tout le monde sait que chaque année je prends une année, j’arrive maintenant à 69 ans dans quelques mois, et donc il m’a paru utile de préparer le groupe pour les évolutions futures», a-t-il poursuivi. M. Bouygues avait commencé à préparer en douceur sa succession avec la nomination en août 2016 de 2 directeurs généraux délégués, dont M. Roussat. Il avait alors indiqué vouloir prendre «du recul» au profit d’une «équipe plus jeune». Quelques mois plus tôt il avait fait entrer au CA du groupe, deux trentenaires issus de la 3ème génération, son fils aîné Edward et son neveu Cyril. Il n’avait pas caché préparer activement une succession qui n’est «absolument pas un tabou». Jeudi, M. Bouygues, qui fêtera ses 69 ans le 3 mai, a précisé que les statuts du groupe avaient été modifiés pour que «le mandat de président non exécutif puisse être exercé jusqu’à 85 ans». «Je vous rassure, je n’ai aucune intention d’aller jusque-là, mais c’est une mesure de précaution», a-t-il précisé. Pour assister Olivier Roussat, deux nouveaux directeurs généraux délégués ont été nommés: Edward Bouygues, qui était directeur de la stratégie de Bouygues Telecom, et Pascal Grangé, qui était DGA et directeur financiers. Edward Bouygues est nommé par ailleurs président de Bouygues Europe et consacrera une partie de son temps à Bouygues Telecom, selon le groupe. M. Grangé conserve pour sa part ses fonctions de directeur financier du Groupe. «L’arrivée d’une nouvelle génération de dirigeants reconnus pour leur professionnalisme, formés dans le groupe et qui en maîtrisent parfaitement la culture, s’inscrit dans la tradition de Bouygues qui, depuis sa création, a toujours su choisir ses dirigeants en son sein pour assurer son développement», a ajouté Martin Bouygues. Sur le plan des résultats financiers, le groupe, dont les activités vont des chantiers aux télécoms en passant par la télévision avec TF1, a annoncé une chute du bénéfice net à 696 millions d’euros contre 1,184 milliard en 2019 dans le contexte de la crise sanitaire avec cependant un second semestre meilleur que prévu et des objectifs «atteints ou dépassés». «Les modèles d’affaires» des activités du groupe, «qui sont positionnées sur des besoins essentiels (se loger, se déplacer, communiquer, s’informer, se divertir), ne sont pas remis en cause», a commenté M. Bouygues. Dans son activité de construction, Bouygues précise que son carnet de commandes «se maintient à un niveau record de 33,1 milliards d’euros à fin décembre 2020», en hausse de 1% sur un an. Le c.a. de TF1 s’est établi à 2,1 milliards d’euros, en baisse de 11% par rapport à 2019, «impacté par la forte baisse des revenus publicitaires principalement au 2T», selon le groupe. Concernant Bouygues Telecom, la dynamique commerciale «est restée soutenue dans le mobile comme dans le fixe». La contribution d’Alstom – dont Bouygues détient 8% – au bénéfice du groupe s’élève à 169 millions d’euros.