N. DANIEL (France Télévisions) : «Nous assumons de prendre parfois plus de risques en Prime Time»

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Les magazines de France Télévisions couvrent un vaste périmètre d’une quarantaine de marques sur le linéaire. Des émissions quotidiennes («Ca commence aujourd’hui, Affaire Conclue», «C à vous»…) aux hebdomadaires («La grande libraire», «En société» «C Politique»…) en passant par des rendez-vous plus ponctuels («Les rencontres du papotin», «Cash investigation», «Enquête de santé», «Des racines et des ailes»…). Tour d’horizon de l’actualité et des projets avec Nicolas DANIEL, Directeur des magazines de France Télévisions.

Quels sont les plus grands défis que vous rencontrez actuellement en tant que directeur des magazines ?

Depuis plusieurs années, nous déployons une stratégie méthodique et construite dans le temps. Il y a six ans, nous avons renouvelé avec succès les après-midis de France 2, notamment avec l’introduction de «Ça commence aujourd’hui» animée par Faustine Bollaert et le lancement de «Affaire conclue». Ensuite, avec la direction de l’Information nous avons repensé «Télématin». Nous nous sommes concentrés sur les programmes du week-end, comme le magazine de faits divers de Marie Drucker, «Un dimanche à la campagne» avec Frédéric Lopez ou encore «Bel & bien» présenté par Agathe Lecaron et Ali Rebeihi. Ces programmes forment la base d’un fond de grille, offrant des rendez-vous forts en journée et établissant une relation nourrie avec notre public.

Et cette année ?

Cette saison, nous avons renouvelé «C l’hebdo» avec Aurélie Casse et lancé une nouvelle émission, «En société», sur France 5 avec Karim Rissouli. Ce dernier incarne également «En terres opposées», diffusé en Prime Time ce lundi 20 novembre sur France 5. À l’heure où la société française est fracturée, où les débats sont polarisés à l’extrême, ce nouveau magazine événementiel prend résolument le contre-pied de l’époque. Il propose à trois personnalités de rencontrer ceux dont ils ne partagent pas les idées et de prendre le temps de la découverte de l’autre et du débat. Nous mettrons également bientôt à l’antenne un nouveau magazine de prime time sur France 2 « France Grand Format », qui représentera la société française dans toute sa diversité autour de grandes problématiques comme la santé ou le pouvoir d’achat.

Comment les magazines de France Télévisions jouent-ils un rôle dans l’adressage des enjeux sociétaux actuels ?

On est au cœur de cette réflexion, c’est notre mission de service public. Nous nous efforçons de toucher tous les téléspectateurs. Notre ambition est de proposer des contenus qui favorisent le dialogue entre les différentes composantes de la société française. Nous nous attaquons à des sujets sociétaux majeurs et complexes, qui remportent des succès d’image et d’audience. Par exemple, la soirée portée par Marina Carrère d’Encausse sur la fin de vie a attiré plus d’un million de téléspectateurs sur France, autre exemple «Les Rencontres du papotin» qui arrivent à réunir jusqu’à plus de 4 millions de téléspectateurs. Nous avons aussi réussi à attirer de nouveaux publics, notamment les plus jeunes à travers notre offre numérique et des rendez-vous linéaires comme «L’interview face cachée d’Hugo Décrypte». Comme l’a annoncé Stéphane Sitbon-Gomez, nous allons dans les prochains mois renforcer considérablement notre offre en destination de ces publics.

Comment anticiper les échecs d’audience sur des sujets complexes ?

Nous savons produire des émissions populaires. Mais en tant que service public, nous avons également le devoir d’aborder certains sujets exigeants. Nous savons qu’ils sont parfois moins porteurs d’audience mais il est essentiel pour nous, de poser des jalons dans la société française. Grâce à la solidité de nos audiences en journée, nous assumons de prendre parfois plus de risques en Prime Time.

Comment «Ça vaut le coup !», le nouveau magazine de Faustine Bollaert s’inscrit-il dans le renforcement du week-end ?

Cette émission est une nouvelle pierre dans la construction des week-ends de France 2. Le pouvoir d’achat, les questions de consommation et d’inflation sont centrales dans les priorités des Français. Faustine Bollaert, qui s’est imposée comme une figure de référence en semaine sur France 2 le devient aussi le samedi.

«Le magazine de la Santé» s’arrête. Par quoi sera-t-il remplacé ?

Pour l’instant, rien n’est arbitré. Nous continuons à accorder de l’importance à la thématique de la santé et nous n’avons pas l’intention de l’abandonner. En revanche, «Le magazine de la santé» dans sa forme actuelle va prendre fin. À sa place, nous prévoyons de proposer une offre renouvelée et ambitieuse.

«Quelle époque !» s’est rapidement imposé sur France 2. Quelle est votre analyse ?

C’est une émission qui est bien née. On a réussi à se poser les bonnes questions en amont. Il fut un temps où les samedis soir de France 2 fonctionnaient bien, suivis de moments plus difficiles. Nous devions renouer avec les fondamentaux qui faisaient le succès de nos cases précédemment tout en l’adaptant à notre époque. Léa Salamé et son producteur ont fait preuve d’un grand talent ont relevé le défi avec talent. Si nous nous étions contentés de répéter les formules du passé l’émission n’aurait pas rencontré son public.

A quoi ressemblera «Nos grandes décisions», le nouveau talk en deuxième partie de soirée avec Hugo Clément ?

Depuis les émissions de Jean-Luc Delarue, nous n’avions plus de grands rendez-vous de société en deuxième partie de soirée sur France 2. Mais reproduire le passé ne suffit pas. «Nos grandes décisions», va renouer avec les codes des grandes émissions sociétales du passé, mais au travers d’une approche éditoriale moderne et innovante. Nous explorerons les grandes tendances sociales et en mettrons en lumière des Français aux modes de vie surprenants. Ça arrive bientôt !

Un dernier mot ?

La télévision n’est pas un sport individuel mais un sport collectif. J’ai la chance de pouvoir m’appuyer sur des équipes formidables, sous l’autorité de Stéphane Sitbon-Gomez et de Anne Holmes. C’est grâce au travail collectif de la direction des programmes, de celles des antennes mais aussi des producteurs et des visages de France Télévisions que nous pouvons atteindre le succès. Nous le ferons en restant fidèle à nos valeurs de service public.