Netflix voit la croissance de ses abonnés ralentir

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Netflix a fini 2021 avec des succès planétaires comme «Squid Game» ou la «Casa de Papel», mais les records d’audience ne masquent pas le ralentissement de la croissance des nouveaux abonnés, qui inquiète les investisseurs. La plateforme de streaming compte désormais 221,8 millions d’abonnés, soit un peu moins que les 222 millions qu’elle escomptait, d’après son communiqué de résultats pour le 4ème trimestre, publié jeudi dernier. Surtout, elle ne prévoit que 2,5 millions de nouveaux abonnés pour le trimestre en cours, contre les 4 millions gagnés de janvier à mars 2021. Il faut remonter à 2010 pour trouver un chiffre aussi bas pour un premier trimestre, quand Netflix n’avait que 13,9 millions d’abonnés.La sanction a été immédiate à Wall Street: l’action du groupe californien perdait jusqu’à 20% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse. «La rétention (des abonnés) et les audiences restent solides mais la croissance des nouveaux abonnés n’a pas retrouvé les niveaux d’avant la pandémie», admet le service pionnier du secteur, qui a largement profité des restrictions sanitaires en 2020 et début 2021. «Nous pensons que c’est dû à divers facteurs y compris le Covid qui continue à peser sur l’économie et des difficultés macro-économiques dans différentes parties du monde notamment l’Amérique latine». «Il n’y a rien qui cloche chez Netflix, ils font juste face à une concurrence de plus en plus agressive. Il devient donc plus difficile pour eux de se distinguer et d’attirer le public», réagit l’analyste indépendant Robert Enderle. D’octobre à décembre, le groupe a réalisé 7,7 milliards de dollars de recettes, 607 millions de bénéfice net et accumulé 8,28 millions de nouveaux abonnés, une performance conforme aux attentes du marché. La plateforme a bénéficié du succès planétaire de la série sud-coréenne «Squid Game», qui avait été vue par plus de 142 millions d’abonnés à la mi-octobre, un mois après sa sortie, soit quelque deux-tiers des utilisateurs. Un record. Les dirigeants du groupe ont d’ailleurs confirmé qu’il y aura une 2ème saison, sans donner de date. Fin 2021 a aussi été marqué par la nouvelle et dernière saison de la série espagnole la «Casa de Papel». Pour 2022, en revanche, il faudra attendre mars pour des sorties de grande envergure comme la saison 2 de «Bridgerton», la 2ème plus populaire du service. Et le groupe a annoncé des augmentations entre un et deux dollars de ses abonnements mensuels aux Etats-Unis. L’option de base coûte désormais 9,99 dollars, et la plus chère passe à 19,99 dollars. En outre, «avec l’inflation relativement élevée en ce moment, les gens essaient de réduire certains coûts récurrents», note Robert Enderle. Les coûts de production grimpent aussi, et ne payent pas toujours. «Cowboy Bebop», une série très attendue sortie en novembre, mais annulée après une seule saison, «a été un échec très cher», ajoute-t-il. La plateforme ne peut cependant pas se permettre d’investir moins, alors qu’elle se mesure au quotidien avec des concurrents de taille, de Disney+ à HBO Max. Elle récoltait près de 50% des recettes perçues par les plateformes de streaming vidéo en 2018, mais d’ici 2023, le cabinet eMarketer prédit que sa part sera tombée à 28%. L’entreprise rappelle aussi régulièrement qu’elle considère YouTube et les jeux vidéo comme des menaces tout aussi importantes. Elle a d’ailleurs lancé en fin d’année dernière ses propres jeux mobiles. En tant qu’actrice dominante du streaming, la plateforme fait aussi face à des attentes énormes. «Sur les 5 dernières années, Netflix a doublé sa pénétration parmi les ménages, mais a encore beaucoup de marge par rapport aux records d’abonnés aux chaînes payantes (environ 800 millions)», souligne ainsi Robert Cantwell, fondateur du fonds d’investissements Upholdings. Le service ne cherche d’ailleurs aucunement à modérer ses ambitions.