Ouganda: la police confirme l’arrestation de l’écrivain ougandais et militant des droits de l’homme, Norman Tumuhimbise

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L’écrivain ougandais et militant des droits de l’homme, Norman Tumuhimbise fait partie d’un groupe de neuf journalistes arrêtés pour «communication offensante», a annoncé lundi la police à Kampala.
Tumuhimbise, qui dirige un groupe de pression local appelé The Alternative Movement, devait lancer son livre intitulé «The Liars and Complices» («Les menteurs et complices») le 30 mars. Il a fait récemment la promotion de son livre, qui critique le président Yoweri Museveni. «La police a reçu une plainte selon laquelle le groupe était impliqué dans des communications offensantes et dans la promotion de discours de haine», a déclaré le porte-parole de la police ougandaise, Fred Enanga.
Le groupe a été embarqué jeudi soir dernier dans une camionnette par des agents de sécurité armés, selon Samuel Wanda, l’avocat de l’écrivain. «Ils sont avec la police à l’Unité des enquêtes spéciales à Kireka (banlieue de Kampala) alors que les enquêtes se poursuivent», a ajouté le porte-parole sans donner davantage de précisions.
Un autre avocat, Eron Kiiza, a demandé lundi la libération du groupe devant un tribunal de Kampala, soulignant que la police avait également confisqué des téléphones, des ordinateurs portables, des enregistreurs et des caméras. Trois femmes figurent parmi les personnes interpellées, selon l’avocat. La nouvelle de l’arrestation du groupe a eu lieu un peu plus d’un mois après l’exil d’un autre auteur ougandais, Kakwenza Rukirabashaija. Ce dernier est arrivé en Allemagne en février après avoir fui l’Ouganda, où il dit avoir été torturé après son arrestation dans une affaire qui a suscité des inquiétudes internationales, l’Union européenne et les Etats-Unis ayant appelé à sa libération.
Les accusations portées contre Rukirabashaija sont liées à des commentaires peu flatteurs sur Twitter à propos de Museveni, qui dirige l’Ouganda depuis 1986, et de son puissant fils Muhoozi Kainerugaba.
Kakwenza Rukirabashaija avait été arrêté le 28 décembre, puis inculpé de «communication offensante» envers Museveni et le général Muhoozi Kainerugaba, dans une série de tweets. Il y qualifiait notamment d’«obèse» et de «rouspéteur» le général, que beaucoup voient comme le successeur de son père, au pouvoir depuis 1986 et âgé de 77 ans.
Ces dernières années ont été marquées en Ouganda par une répression contre des journalistes, des incarcérations d’avocats ou le musellement de dirigeants de l’opposition.