Pauline BLASSEL
Secrétaire générale de l’Hadopi
Pour la première fois, l’Hadopi a souhaité étudier les conséquences économiques du piratage des contenus audiovisuels et des retransmissions d’événements sportifs qui portent gravement atteinte aux droits des créateurs. Entretien avec Pauline BLASSEL, Secrétaire générale de l’Hadopi.
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Le piratage génère un manque à gagner d’un milliard d’euros pour l’audiovisuel et le sport. Comment expliquez-vous ce phénomène ?
Pauline BLASSEL
Une partie des internautes qui piratent ces contenus sont dans une démarche uniquement opportuniste. Le fait que cette offre soit facilement accessible, sans risque tangible, représente 1 milliard d’euros de manque à gagner qui pourra être réinjecté dans la filière dès que le piratage sera davantage combattu.
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Le piratage évolue, moins de «pair à pair» (P2P) mais plus de streaming ?
Pauline BLASSEL
Certaines pratiques de piratage ont drastiquement diminué depuis 2009 et la création de l’Hadopi, notamment le téléchargement via les réseaux de pair à pair (P2P). Il y a dix ans, plus de 8,5 millions d’internautes pirataient tous les mois de cette façon. En septembre 2020, il y en avait 2,6 millions. C’est une réduction drastique. D’autres pratiques comme le streaming et le téléchargement direct restent importantes ou connaissent une progression notable. Cela concerne encore plus de 11 millions d’internautes français tous les mois. Le live streaming illicite sur le sport a pratiquement doublé dans l’année.
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Pourquoi les contenus sportifs sont -ils davantage piratés ces derniers temps?
Pauline BLASSEL
Parce qu’il n’y a pas de procédures judiciaires ad hoc pour combattre les sites qui piratent les retransmissions sportives. Dans le domaine de la culture, il y a un article du code de la propriété intellectuelle qui permet aux ayants droit d’engager des actions. Pour le sport, rien n’a été fait.
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Quels sont les contenus les plus piratés de nos jours ?
Pauline BLASSEL
En volume, cela reste les films et les séries. Le piratage a beaucoup baissé pour la musique. En ce qui concerne le sport en volume, c’est celui qui connaît sans comparaison possible, la progression la plus forte.
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Quelles sont les actions menées par l’Hadopi pour minimiser ces effets ?
Pauline BLASSEL
Notre continuons la mise en œuvre de la procédure de réponse graduée. Par ailleurs, il y a toute une série de démarches avec les ayants droit, dont des actions en justice qui mènent au blocage et au déréférencement des sites illicites. Nous avons aussi un rôle de documentation, d’alerte et d’accompagnement. Nous essayons d’identifier les pratiques émergentes pour prévenir les ayants droit, et les accompagner dans les démarches qu’ils peuvent conduire après. Nous avons des actions de sensibilisation dans les écoles.
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Quelles sont les perspectives pour 2021 ?
Pauline BLASSEL
L’enjeu est de faire en sorte que les discussions sur le projet de loi audiovisuelle puissent reprendre. C’est un texte qui convenait à tout le secteur, qui renforçait nos moyens d’action contre le piratage, et qui organisait notre fusion avec le CSA.
