Patrick DUFFY, Acteur, Réalisateur & Producteur

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Popularisé par des séries TV telles que «Dallas», «Notre belle famille» ou «Amour, Gloire et Beauté», Patrick DUFFY est également un réalisateur & producteur TV. A l’occasion du 55ème Festival de Télévision de Monte-Carlo, il nous livre sa vision de l’industrie audiovisuelle.

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Quelles nouvelles tendances percevez-vous aujourd’hui dans les séries TV?

Patrick DUFFY 

Aux Etats-Unis, je suis habitué à nos standards de production. Mais l’influence européenne arrive chez nous avec deux ans de retard. Les méthodes de production en Europe sont très différentes de chez nous. J’apprends beaucoup. De grands réseaux tels que ABC, NBC, CBS ou FOX s’en tiennent aux anciennes pratiques, parfois un peu démodées. Lorsque je regarde la TV européenne, j’ai l’impression d’observer une nouvelle génération d’innovateurs. En 1er lieu, cela passe par l’écriture des scénarios qui sont de manière générale, astucieusement bien interprétés par les producteurs. Les scénaristes européens sont avant-gardistes, souvent précis et savent oser. Cela fait toute la différence. Aux Etats-Unis, on sur-écrit souvent. Il y a trop de mots pour expliquer une simple idée. En revanche, il existe de nouveaux programmes américains qui constituent une véritable exception. Je pense à «Grace & Frankie» (Netflix) avec Jane Fonda. Cette série a une écriture «classique européenne» très raffinée, détaillée et économe en mots. Pour terminer, la télévision européenne n’a pas peur de mettre à l’écran des acteurs plus âgés tandis qu’aux Etats-Unis, la beauté immuable reste la référence.

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Déplorez-vous les séries TV trop lisses des grands networks US ?

Patrick DUFFY 

Les chaînes du câble américain ont bien compris qu’elles n’avaient pas besoin de plaire nécessairement au plus grand nombre. Ces dernières peuvent cibler une audience, faire preuve de créativité et assumer une part de liberté. A contre-courant, les grandes chaînes gratuites, ont tellement de frais, qu’elles doivent couvrir un large public. Pour ce faire, les networks ne prennent pas de risques et contrôlent le contenu. C’est une sorte de censure dans ce que vous pouvez dire et montrer. Fini les injures, les décolletés plongeants,… En souscrivant à la TV par câble, le public paye pour ce qu’il veut voir. Les diffuseurs du câble ont donc une liberté pour s’exprimer. Enfin, l’industrie pense que l’audience TV s’est rajeunie. De ce fait, la conception des séries est différente. Lorsque vous regardiez «Dallas» dans les années 80, tout se passait très lentement alors que maintenant, la règle est de changer de plans toutes les 4’’.

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La série TV peut-elle tendre à un rapprochement artistique vers le cinéma ?

Patrick DUFFY 

La beauté du cinéma est de raconter une histoire complète en un temps limité alors qu’à la télévision, l’intrigue se développe d’épisode en épisode. Ce sont 2 formes d’art différentes. Les acteurs américains considèrent les miniséries et la TV par câble – sur le plan artistique bien sûr – comme des supports épanouissants. La bonne nouvelle, c’est que les frontières mondiales commencent à disparaître. Cinéma et TV pourront être beaucoup plus libres en matière d’expression.

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Le phénomène propre au remake des séries termine-t-il sa course ?

Patrick DUFFY 

Si vous faites référence au remake de «Dallas» sur TNT (2012-2014), c’était assez unique. Nous étions le 1er remake reprenant les mêmes acteurs 30 ans après pour raconter ce qui s’est passé les 3 dernières décennies. Le processus est intéressant. L’auditoire américain a aimé, même si la chaîne a annulé la série après 3 saisons !