Radio France veut être la «maison des nouveaux talents» musicaux

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Radio France veut être la «maison des nouveaux talents» musicaux et va créer son propre festival en 2021, annonce le tout nouveau directeur musical des antennes publiques Didier Varrod. Le concert gratuit «Nouvelle scène» doit donner le ton lundi dans le Studio 104, avec une «succession de chocs thermiques» entre la chanteuse Maëlle, le violoniste prodige Mohamed Hiber ou l’explorateur électro Molécule. Avec un festival (payant) qui sera proposé durant un week-end de janvier 2021, «on fera sonner toutes les esthétiques musicales; on va mettre l’orgue, la maîtrise, toute la Maison en ordre de marche», prévoit Didier Varrod, nommé en juillet à ce poste inédit par Sibyle Veil. L’ex-directeur artistique de France Inter sort d’un séminaire «musique» avec les directeurs des sept radios du groupe, et n’attend plus que sa platine vinyle pour être parfaitement installé à l’étage de la présidence. «Le monde de la musique a changé. Un nouveau talent reste très peu de temps un nouveau talent», explique Didier Varrod, 59 ans dont bientôt 35 à Radio France. «La Maison de la radio doit avoir un rôle unique à jouer pour développer la carrière d’artistes émergents, et participer à l’écosystème de la musique en France». Dans sa carrière, le directeur musical a enchaîné les émissions à l’antenne mais a aussi travaillé pour un label et pour les Francofolies de la Rochelle. Didier Varrod se veut un «interlocuteur légitime» entre le CSA, la filière musicale (artistes, labels, plateformes en ligne) et Fip, Mouv ou France Inter, qui diffusent plus de 1.000 titres chaque jour, choisis par une vingtaine de programmateurs.Radio France veut promouvoir ses formations musicales et la qualité de ses enregistrements, notamment pour se positionner face à Londres dans l’enregistrement de musiques de films. Le groupe va lancer en 2020 «une marque de pop symphonique», à l’image du concert annuel «Hip-hop symphonique» de Mouv, et après des enregistrements avec La Grande Sophie ou Jeanne Cherhal. «Je veux donner les moyens aux artistes de réaliser leurs rêves», en enregistrant 3 ou 4 concerts par an avec les formations, explique le directeur musical, selon qui «il y a du monde au guichet». Le groupe, qui enregistre des audiences historiques, compte beaucoup sur le lancement prochain de Fip et Mouv en numérique sur tout le territoire, pour développer leur audience face à des «radios de l’offre, formatées sur le Top 40». L’offre en ligne doit aussi se développer avec plus de podcasts musicaux et des webradios, comme celle dédiée cet été par Fip au metal, genre majeur mais absent des antennes. Le directeur musical des antennes a aussi pour mission de mettre en valeur les pépites historiques de Radio France, et défendre la patrimoine francophone. L’année 2020 sera dédiée à Boris Vian, pour les 100 ans de sa naissance, et l’année 2021 à Georges Brassens (né en 1921). Le développement de la musique doit cependant se faire à budget contraint, au moment où Radio France renforce son plan d’économies. Didier Varrod explique qu’une «ligne budgétaire» a été ouverte dès 2020 «pour les opérations musicales transverses», comme un week-end spécial Michel Legrand en janvier. La radio publique pourrait également chercher de nouveaux financements extérieurs, à l’image du Crédit Mutuel qui parraine déjà la Fête de la musique et plusieurs émissions musicales. «On me dit souvent que je prends la musique trop au sérieux. Mais ce n’est pas que du divertissement, qu’une pause musicale entre deux moments de radio», conclut Didier Varrod. «La musique est un outil de réparation du lien social. Et la seule à nous accompagner dans tous les moments de notre vie».