Rallye Dakar en Arabie saoudite: France Télévisions doit «dénoncer son partenariat», selon deux ONG

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France Télévisions doit «dénoncer son partenariat» avec les promoteurs du rallye Dakar après leur décision d’organiser la célèbre course, à partir de 2020, en Arabie saoudite, estiment mercredi deux ONG de défense des droits humains.  Dans un communiqué, la Ligue des droits de l’Homme et la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme «demandent au groupe public France Télévisions de dénoncer un partenariat contraire aux principes et aux valeurs de sa «charte des antennes»». «L’argent public ne saurait contribuer à une nouvelle opération de séduction d’un État saoudien suspecté de crimes de guerre au Yémen et menant une répression implacable contre les défenseurs et militantes des libertés», ajoute le communiqué. Le groupe ASO, organisateur du rallye-raid, a annoncé le 15 avril qu’il avait décidé «d’écrire un nouveau chapitre» de son histoire «au sein des déserts mystérieux et profonds du Moyen-Orient, en Arabie Saoudite». Il organise jeudi une conférence de presse en Arabie saoudite pour présenter le projet, deux jours après l’exécution de 37 Saoudiens condamnés par la justice pour «terrorisme». Selon Amnesty International, qui a condamné ces exécutions, le royaume saoudien, qui suit une version rigoriste de l’islam sunnite, figure dans le peloton de tête des pays qui appliquent la peine de mort dans le monde, derrière la République islamique de l’Iran chiite. L’annonce d’ASO «intervient six mois après le meurtre du journaliste dissident Jamal Khashoggi, et alors que la coalition saoudienne est impliquée dans une guerre au Yémen où elle est soupçonnée de crimes de guerre», précisent les deux ONG. «Elle intervient également après de nouvelles révélations sur les mauvais traitements et actes de tortures infligés en prison (coups de fouets, chocs électriques, harcèlement sexuel) à des militantes des droits humains emprisonnées», ajoutent-elles. Dans leur texte, les ONG rappellent un extrait de la charte de France TV, qui stipule que «la télévision de service public a vocation à constituer la référence en matière de qualité et d’innovation des programmes, de respect des droits de la personne, de pluralisme et de débat démocratique». «Organiser une course automobile dans ces conditions témoigne d’un mépris absolu pour les problématiques de droits humains dans le pays, et est conforme à la stratégie de relations publiques du régime, qui a multiplié ces dernières années les contrats – notamment d’armement – et dépenses somptuaires pour redorer son image et s’assurer du soutien des chancelleries occidentales», accusent les deux ONG. Créée en 1978, l’épreuve, alors appelée Paris-Dakar, était courue entre l’Europe et le nord de l’Afrique jusqu’en 2007, avant de déménager en Amérique du Sud pour se prémunir de la menace terroriste. Entre 2009 et 2018, elle a fait étape en Argentine, au Chili, au Pérou, en Bolivie et brièvement au Paraguay. L’organiser dans cette région devenait toutefois de plus en plus compliqué du fait des politiques d’austérité et des contraintes météorologiques.