Réseaux sociaux et internet: le Conseil national du numérique pointe des pistes contre les effets psycho-sociaux «dangereux» de «l’économie de l’attention»

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Un dossier du Conseil national du numérique publié jeudi pointe différentes pistes d’action pour faire face aux effets psycho-sociaux «dangereux» des procédés utilisés par les réseaux sociaux et plateformes internet pour capter notre attention et nous maintenir rivés aux écrans. 

Parmi les pistes proposées figure notamment «la consécration d’un droit à être informé sur les différents dispositifs de captation» de l’attention mis en oeuvre sur internet. Les auteurs, coordonnés par Anne Alombert et Olga Kokshagina, proposent aussi «la reconnaissance d’un droit» de l’usager «à paramétrer les contenus et les émetteurs» de contenus pour «délimiter clairement ses choix, sans ingérence de la part de l’opérateur». Ils proposent également de «sensibiliser aux enjeux psychiques et sociaux de l’économie de l’attention», et de «renforcer l’éducation critique et pratique aux médias numériques». 

Enfin, ils recommandent de «soutenir et développer de nouveaux dispositifs numériques» pour éviter une pratique solitaire des écrans, et à l’inverse soutenir «l’attention conjointe» de plusieurs personnes et les «liens sociaux». Il ne faut plus «réduire les individus à des comportements pulsionnels ou des mécanismes cognitifs», comme le font souvent les plateformes, mais trouver des dispositifs permettant «de nourrir leurs capacités de mémorisation, de réflexion, d’interprétation, d’expression dans le milieu numérique» et de mettre en avant des pratiques «collaboratives, participatives, contributives et soigneuses», expliquent les auteurs. 

Le dossier consacre de nombreuses pages à la description des pièges à attention mis en oeuvre par les plateformes: mise en avant des contenus les plus «engageants» sur le plan émotionnel, utilisation des biais cognitifs humains comme l’attrait pour la récompense… 

Ces pratiques «peuvent s’avérer dangereuses à la fois pour les capacités psychiques et cognitives individuelles, pour les relations sociales intergénérationnelles», relève le dossier. Le Conseil national du numérique est un cercle consultatif d’experts chargé d’éclairer les choix de politiques publiques dans le domaine du numérique. Parmi ses 21 membres, nommés par le gouvernement, figurent notamment l’informaticien et logicien Gilles Dowek, la spécialiste américaine des interactions homme-machine Justine Cassell, l’économiste Joëlle Toledano, le religieux catholique Eric Salobir, l’avocat Jean-Pierre Mignard, ou Tatiana Jama, coprésidente et cofondatrice du collectif de femmes entrepreneurs du numérique Sista.