S. BEDIN (FICAM) : «La production de longs-métrages français augmente de 3% sur 1 an»

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Stéphane BEDIN, Délégué général adjoint de la FICAM

La FICAM (Fédération des industries du Cinéma, de l’Audiovisuel et du Multimédia) publie son nouveau Baromètre de l’Observatoire Métiers/Marchés portant sur les long-métrages au 1er semestre 2017. Tour d’horizon avec Stéphane BEDIN, Délégué général adjoint de la FICAM.

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Niveau de production, taux de délocalisation, quels enseignements doit-on retenir du dernier baromètre du long-métrage ?

Stéphane BEDIN

La production de longs-métrages d’initiative française, tous genres confondus (fiction, documentaire et animation), augmente de 3% sur 1 an, comparé à janvier-septembre 2016. C’est un niveau d’activité élevé. En parallèle, le taux de délocalisation reste à un niveau très bas (18%) sur les films français. Ces scores viennent confirmer la tendance déjà initiée en 2016. La véritable nouveauté, c’est la relocalisation des effets visuels en France. Les montants investis en France dans ces prestations VFX sont estimés à 15 M€, soit plus du double du montant constaté en janvier-septembre 2016. C’est un record.

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Le niveau de production élevé n’est-il pas lié aux quelques grosses productions comme «Valérian» ? 

Stéphane BEDIN

Nos comparatifs ont été réalisés en excluant le film de Luc Besson qui est un cas à part dans la production française. Hors «Valérian», les budgets sont donc en légère augmentation (+2%), pour atteindre 760M€, dans la moyenne des années précédentes. Les montants investis augmentent d’ailleurs de 9%. On reste sur des bases élevées en termes de production mais aussi de budget. 136 projets de fiction ont été mis en production en 2016 contre 134 en 2015.

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L’important niveau d’activité et de relocalisation est-il lié à l’impact du crédit d’impôt ?

Stéphane BEDIN

Oui, absolument ! Le crédit d’impôt cinéma a été reformé au 1er janvier 2016. Il a eu un impact immédiat au niveau des chiffres. Avant 2016, nous étions à des taux de délocalisation supérieurs à 20%. Depuis 2016, les taux sont inférieurs à 18%. Nous constatons le basculement de cette relocalisation. Les films supérieurs à 20 M€ de budget ont été totalement relocalisés sur la période. Pour les effets visuels, c’est un peu particulier. C’est surtout lié au plan VSX mis en place par le CNC avec de nouveaux soutiens recentrés sur les effets visuels et les collectivités territoriales qui ont revu leur système de soutien au long métrage et à la fiction en bonifiant les films à forts effets visuels.

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Le nombre de semaines de tournage à l’étranger continue de s’éroder pour atteindre un niveau historiquement bas sur la période. Cette dynamique sera-t-elle accentuée l’année prochaine ?

Stéphane BEDIN

C’est compliqué ! Nous sommes rapidement arrivés à un niveau incompressible de délocalisation. On ne peut pas aller plus bas que ce qui est fait en termes de coproductions avec des pays étrangers et notamment avec la Belgique. Pour les taux de délocalisation de nos semaines de tournage, nous prenons en compte les raisons économiques et artistiques. Le nombre de semaines de tournage à l’étranger continue de s’éroder (182 semaines), pour atteindre un niveau historiquement bas sur la période.

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Le bilan est donc tout bonnement positif ?

Stéphane BEDIN

Très positif même. Notre volonté est de valoriser la filière des industries techniques pour qu’elle puisse garder une part importante dans le budget des films à la hauteur du savoir-faire des entreprises et techniciens. Cela se stabilise autour de 10% même si la part est grignotée chaque année depuis 4 à 5 ans.