S. GENDARME (M6) : « Chez nous, la technologie est au service de l’information, pas l’inverse »

S. GENDARME (M6) : « Chez nous, la technologie est au service de l’information, pas l’inverse »

M6 franchit une nouvelle étape dans l’évolution de son journal télévisé en intégrant Unreal Engine et des environnements immersifs à sa mise en scène. L’objectif : améliorer la compréhension de l’information et renforcer l’engagement du téléspectateur grâce à une scénographie innovante. Quelles sont les ambitions stratégiques derrière cette modernisation du «19.45» et du «12.45» ? Stéphane Gendarme, Directeur de l’information de M6, nous éclaire sur cette révolution en marche.

MEDIA +
Avec l’intégration d’Unreal Engine et des environnements immersifs, M6 fait évoluer la mise en scène du JT. Quels bénéfices concrets attendez-vous en termes d’engagement et de compréhension de l’information par les téléspectateurs ?
STÉPHANE GENDARME

Vous nous connaissez bien, cela s’inscrit dans la continuité de ce que nous faisons depuis la création du «12.45» et du «19.45» : offrir une information claire et accessible. Notre objectif est de faciliter la compréhension des sujets abordés. L’immersion est une étape supplémentaire dans cette logique. Concrètement, grâce à Unreal Engine, nous pouvons créer des univers visuels qui permettent aux téléspectateurs de percevoir immédiatement la thématique du sujet. Prenons l’exemple du cinéma : à l’instant même où l’univers immersif apparaît à l’écran, le téléspectateur comprend qu’on va parler du 7ème art. Il n’y a pas d’ambiguïté, on rentre dans une salle de cinéma, l’écran se déploie et les images projetées viennent illustrer le sujet. C’est une évolution naturelle de ce que nous avons déjà mis en place avec les fresques et les différents niveaux de lecture. L’objectif reste le même : apporter de la clarté.

MEDIA +
Comment les équipes ont-elles été formées pour tirer parti de ces nouveaux outils ?
STÉPHANE GENDARME

C’est un travail de fond qui implique plusieurs départements : la direction artistique, les équipes éditoriales, les présentateurs, la direction des systèmes d’information… Ce projet a demandé plusieurs mois de préparation, en amont de son lancement. Pour les présentateurs, il y a effectivement une adaptation à de nouveaux mouvements et une évolution dans la façon d’écrire les sujets, mais ils ont déjà l’habitude d’évoluer dans des environnements technologiques enrichis. Depuis des années, ils interagissent avec des éléments graphiques comme les fresques, les infographies en plateau, et aujourd’hui, ces univers immersifs s’ajoutent à leur environnement. Ils restent au cœur du dispositif et leur rôle demeure central.

MEDIA +
Quels types de sujets bénéficieront le plus de cette mise en scène immersive ?
STÉPHANE GENDARME

Les grandes thématiques d’actualité s’y prêtent particulièrement. Nous avons déjà mis en place plusieurs univers : une salle de cinéma pour la culture, une salle de classe pour l’éducation, un tribunal pour les faits de justice. Prochainement, nous proposerons une immersion au sein du Bureau Ovale. Une gare est aussi en préparation, utile tant pour traiter des sujets de transport que des enjeux sociaux. Cette liste continuera d’évoluer en fonction de l’actualité et des besoins de pédagogie pour les téléspectateurs.

MEDIA +
Finalement, l’objectif est de rendre le journal plus accessible, plus pédagogique et d’aller vers un storytelling plus impactant ?
STÉPHANE GENDARME

Exactement. C’est une évolution technologique majeure qui s’inscrit dans la continuité de ce que nous faisons depuis longtemps. La technologie est au service de l’information, pas l’inverse. Ce qui est remarquable ici, c’est que l’Unreal Engine, initialement conçu pour le jeu vidéo, est exploité pour créer ces univers en direct, sans post-production. Cela garantit une réactivité et une spontanéité qui sont essentielles pour un journal télévisé.

MEDIA +
Cette modernisation s’inscrit-elle dans une volonté plus large de redéfinir l’ADN des JT face à la concurrence ?
STÉPHANE GENDARME

Plus que la concurrence, nous nous adaptons à l’évolution de la société. La manière dont les gens consomment l’information change, notamment avec les réseaux sociaux et le digital. Depuis des années, nous avons fait le choix d’un journal rapide, illustré, connecté à son époque.

MEDIA +
Est-ce aussi une stratégie pour attirer une audience plus jeune ?
STÉPHANE GENDARME

C’est une conséquence logique. Nos JT sont déjà très regardés par les jeunes adultes, et nous intégrons les codes de leur consommation médiatique. Nous récupérons même des formats initialement pensés pour les réseaux sociaux et les intégrons en direct dans nos journaux.

MEDIA +
L’intégration de la réalité augmentée et de la 3D en temps réel ouvre de nouvelles perspectives. Peut-on imaginer, à terme, une déclinaison interactive du JT sur M6+ ou une expérience plus poussée en second écran ?
STÉPHANE GENDARME

C’est une réflexion en cours. Ce qui est certain, c’est que l’interaction entre linéaire et digital est essentielle. Nos journalistes produisent déjà du contenu spécifiquement conçu pour M6 Info et les réseaux sociaux, en complément du JT.

MEDIA +
Comment garantir que ces effets immersifs ne biaisent pas la compréhension des faits ?
STÉPHANE GENDARME

L’éditorial garde toujours le contrôle. Nos univers immersifs restent factuels et servent à illustrer sans dénaturer.