T. ARDISSON : « J’ai dit à Delphine Ernotte que je ne souhaitais pas remplacer Laurent Ruquier »

611

Les 23 et 30 octobre prochains, sera diffusé le documentaire «ORTF, ils ont inventé la télé» (2×135’) sur France 3 et co-produit par Thierry Ardisson. L’occasion pour média+ de rencontrer l’animateur le plus créatif du paf et d’évoquer ses différents projets.

Vous êtes concepteur, coproducteur et voix-off du documentaire «ORTF, ils ont inventé la télé». À qui s’adresse cette production ?

Les vendredis 23 et 30 octobre, France 3 diffusera à 21h05 «ORTF, ils ont inventé la télé», écrit par Philippe Thuillier et coproduit par ADLTV, Ardisson & Lumières et l’INA. Ce documentaire s’adresse au grand public, bien sûr, mais aussi aux dirigeants de chaînes de télévision. Ils doivent se remémorer la créativité et l’audace de cette époque ! Cette période a une grande importance pour moi. Dans les Années 60’, j’habitais en province, mes parents n’avaient pas trop d’argent, je m’ennuyais … l’ORTF a été ma fenêtre sur le Monde.

Vous lancez, avec l’INA, votre chaîne YouTube. Quel est le programme ?

L’INA m’a proposé de lancer ma chaîne YouTube, l’Arditube, sur laquelle on retrouvera tout ce que j’ai fait à la télévision. L’intérêt est de conserver et montrer tous ces moments tellement forts ! Mon métier est éphémère, mais je suis heureux de savoir que dans 10, 20 ou 30 ans, des internautes pourront revivre mes interviews de toutes ces figures de l’époque.  

Il n’y a plus de créativité aujourd’hui à la télévision ?

À l’époque, être producteur, c’était être créatif. Il y avait une grande liberté, et des moyens. En 2020, être producteur, c’est être capable de dénicher un super format sud-coréen ou finlandais et de l’adapter.

Serez-vous de retour sur le Service Public avec une autre émission ?

Depuis un an, je discute avec Delphine Ernotte et Stéphane Sitbon-Gomez d’un nouveau projet. J’ai investi beaucoup de temps et d’argent sur cette nouvelle proposition. Tout ce que je peux vous dire, c’est que ça ne ressemblera à rien de ce que j’ai fait jusque-là. J’espère que cette émission sera à l’antenne au début de l’année 2021. Mais rien n’est signé.

Pourriez-vous remplacer Laurent Ruquier en janvier prochain si «On est en direct» ne fonctionne pas ?

Au moment où j’ai rencontré Delphine Ernotte, il y a un an, je lui ai dit que je ne souhaitais pas remplacer Laurent Ruquier. Le Service Public est ma maison, c’est ma conception de la télévision, mais il y a plein d’autres choses à y faire que le samedi soir.

Où en sont vos projets avec les plateformes ?

C’est très compliqué. Pour une chaîne de télévision linéaire, on construit une émission pour une diffusion dans une case précise. Là, avec les plateformes, les stratégies sont différentes et plus complexes. Néanmoins, je suis associé à la société de production Nolita TV, qui vient de produire pour Netflix le film «Balle Perdue», déjà 37 millions de vues.

Souhaitez-vous être à la tête d’une émission de radio ?

Ma voix est paraît-il reconnaissable. J’ai participé à quelques émissions des «Grosses Têtes» sur RTL, mais je ne souhaite pas avoir ma propre émission en radio. Néanmoins, j’aurais adoré présenter des disques la nuit à l’image de ce que peut faire Georges Lang dans «Les Nocturnes» sur RTL. Mais pour un patron de radio, ce ne serait pas rentable de se payer Ardisson pour une émission si tardive.

Quelles sont vos relations avec Vincent Bolloré et le Groupe Canal+ ?

J’étais dans le Groupe Canal+ depuis 13 ans. Vincent Bolloré a souhaité diviser le budget de mon émission par deux. Ce n’était pas possible. J’ai été prévenu de l’arrêt de «Salut les Terriens» deux mois seulement avant la fin de la saison. C’est inadmissible. Je l’ai donc poursuivi pour «rupture brutale de dépendance économique». Le juge m’a donné raison.

Vincent Bolloré a-t-il trop misé sur Cyril Hanouna dans la programmation de C8 ?

Le problème de Vincent Bolloré, ce n’est pas de m’avoir mis à la porte, mais de ne pas avoir su m’utiliser. Je lui ai proposé plein de projets : des émissions présentées par moi-même ou par d’autres, des films, des séries… Sans retour. Le problème n’a jamais été Cyril Hanouna.

Êtes-vous nostalgique de vos débuts ?

Non. J’avais le trac. Je ne supportais pas l’idée d’être filmé. Je me trouvais ridicule, je transpirais, j’avais l’estomac en vrac. C’est au moment de commencer «Rive Droite / Rive Gauche», en 1997, que j’ai pris conscience que ce trac n’était pas supportable si je voulais faire une quotidienne. Donc, j’ai décidé de ne plus l’avoir.