Pour Morgane, l’enquêtrice déjantée de «HPI», l’heure est bientôt venue de ranger les minijupes panthère au placard: TF1 commençait jeudi la diffusion de la dernière saison de cette série phénomène, qui a explosé les audiences et marqué l’histoire récente de la télé. «J’essaie de ne pas y penser parce qu’il nous reste (des) épisodes à tourner, donc je me dis que j’ai encore un peu de rab, mais ça va être très émouvant», a confessé la comédienne Audrey Fleurot fin mars au festival Séries Mania, avant cette cinquième et ultime saison. Depuis 2021, elle incarne Morgane Alvaro, femme de ménage gouailleuse et extravertie, recrutée pour aider la police grâce à son haut potentiel intellectuel (HPI). Haut potentiel d’audiences aussi, puisque la série tournée dans le Nord cartonne depuis ses débuts. L’un des épisodes de la première saison avait dépassé les 12 millions de téléspectateurs (replay inclus), record pour une série depuis 2005. Diffusée l’an passé, la quatrième saison en a attiré en moyenne 8,3 millions par épisode (replay inclus). Elle avait été rythmée par la grossesse de Morgane et le mystère qui planait sur l’identité du père. Mystère levé dans cette cinquième saison: le géniteur est le policier avec lequel elle fait équipe, Adam Karadec (Mehdi Nebbou). Les huit nouveaux épisodes seront diffusés en deux salves. Les quatre premiers passeront chaque jeudi à 21h10 (le quatrième étant programmé le 12 juin et non le 5, à cause du match de foot Espagne-France). Il faudra attendre la rentrée pour voir les quatre derniers, dont le tournage a démarré le 5 mai et se poursuivra jusqu’à mi-juillet. «On est encore en pleine écriture, mais on sait exactement comment ça se termine car on anticipe cette fin depuis la saison 4», sourit Alice Chegaray-Breugnot, cocréatrice de la série. Mettre un terme à «HPI» est «une décision très collective», explique-t-elle. «Dès le départ, on n’avait pas vocation à faire mille saisons. Cinq, ça nous paraissait bien car on n’était pas lassé, on avait encore des choses à dire». L’écho a largement dépassé la France: «HPI» cumule 280 millions de vues dans une centaine de pays, selon TF1. Des remakes sont nés dans une dizaine de pays, dont les Etats-Unis (sous le titre «High Potential»), la Grèce, la République tchèque ou bientôt la Pologne. Comment expliquer ce succès? «On s’est beaucoup posé cette question, et en même temps on a essayé de ne pas trop l’intérioriser car ça peut être paralysant», répond Julien Anscutter, qui assure la direction de collection et la production artistique de la série aux côtés d’Alice Chegaray-Breugnot. Parmi les pistes d’explication, il cite «le mélange des genres» entre polar, comédie et comédie romantique. «Beaucoup de gens s’identifient à Morgane, elle fait et dit beaucoup de choses qu’on n’oserait pas», reprend Alice Chegaray-Breugnot. Autre facteur selon elle: le fait que la série «résonne» avec le «phénomène de société» qu’est la neuroatypie (haut potentiel intellectuel, troubles de l’attention, etc.). «Quand on a proposé le titre HPI au départ, il y avait un frein car la chaîne n’était pas sûre qu’on comprenait ce que ça veut dire», se souvient-elle. «J’ai des HPI dans mon entourage, et maintenant ils me disent: «grâce à la série, je ne me planque plus»». «On a vécu quelque chose d’exceptionnel, qu’on ne retrouvera pas de manière identique», reconnaît celle qui «vit, dort, mange HPI depuis 6 ans». De quoi imaginer faire vivre le personnage de Morgane ailleurs, dans une autre série, voire au cinéma? «On ne s’interdit pas d’explorer d’autres formats, mais il faut une bonne idée, on ne va pas le faire pour le faire», assure Alice Chegaray-Breugnot. «On a vraiment écrit la fin comme le terme de la série, on ne s’est pas contraint à laisser une porte ouverte».