A l’occasion du premier anniversaire de l’AI Act, le règlement européen sur l’intelligence artificielle, l’institut de Sondage Norstat et la société d’étude spécialisée Strategir ont mené une étude sur le rapport des européens à l’intelligence artificielle. L’occasion pour media+ d’évoquer les résultats avec Romain BARBET, DG France de Norstat et Léa DUPUCH, Directrice d’étude quantitative chez Strategir.
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Quel est le comportement des Européens face à l’IA ?
Romain BARBET
L’appropriation est très contrastée selon les pays. L’usage est principalement personnel en France. Les Français s’en servent surtout pour la correction de textes, la rédaction d’emails, mais aussi pour des tâches du quotidien comme la cuisine, les démarches administratives ou encore les voyages.
Léa Dupuch
Globalement, les européens commencent à s’approprier l’IA, mais à des rythmes différents et de manière inégale. Le Danemark affiche une longueur d’avance (56% sont familiers avec les technologies d’IA) tandis que les Français sont plus en retard sur le sujet (seulement 39% sont familiers), et l’Italie et l’Allemagne sont dans la moyenne. Une adoption plus précoce au Danemark a permis d’ancrer l’IA dans les usages, tandis qu’en France le sujet reste encore récent (27% ont entendu parler de l’IA au cours des 6 derniers mois contre 4% seulement au Danemark)
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Qu’en est-il de l’IA générative ? Les Européens ont-ils conscience de la différence ?
Romain BARBET
L’IA générative reste encore mal comprise en Europe : seulement 15% des Français, par exemple, savent expliquer ce que c’est. De manière générale, la connaissance reste superficielle dans la plupart des pays, avec une meilleure appropriation au Danemark.
Léa Dupuch
L’IA générative est encore méconnue du plus grand nombre, tous pays confondus, avec toutefois, ici aussi, un retard de la France par rapport aux autres pays, avec 50% des Français qui n’ont jamais entendu parler de l’IA générative (vs. 40% au Danemark et en Allemagne et 43% en Italie).
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En France, les médias participent-ils activement à cette évangélisation de l’IA ?
Léa Dupuch
Oui en France les médias jouent un rôle clé dans la notoriété du sujet. La couverture médiatique est telle que près de la moitié a découvert l’IA générative via les médias (41% vs. 26% au Danemark), prouvant qu’il s’agit d’une nouveauté en France là où au Danemark, l’IA générative est déjà plus ancrée dans les mœurs avec 19% qui découvrent le sujet via le bouche à oreille (contre 12% en France). En plus de participer à la familiarisation des Français avec le sujet, les médias éveillent leur intérêt. En effet, près d’1/4 des utilisateurs d’IA générative ont testé la technologie pour la première fois suite à un article dans les médias ou les réseaux sociaux.
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Globalement, les Européens sont-ils inquiets du développement de l’IA ?
Romain Barbet
Oui, une certaine prudence est notable partout, bien qu’elle prenne des formes différentes. Les Français et les Italiens craignent surtout un appauvrissement de la créativité et une dépendance à l’IA. Les Allemands sont plus préoccupés par la protection des données. Les Danois, eux, s’interrogent davantage sur la qualité des résultats produits par l’IA.
Léa Dupuch
En effet, derrière l’engouement, des réserves persistent face à l’IA au sein des 4 pays. En France particulièrement, un quart ont une opinion négative sur l’Intelligence Artificielle, c’est plus qu’en Italie et en Allemagne (autour de 20%) et bien plus qu’au Danemark (12%). Cela se confirme avec l’opinion sur l’IA générative : un tiers des Français en ont une opinion négative, contre 28% au Danemark, 26% en Allemagne, et 21% en Italie. Les Français sont en effet beaucoup plus méfiants, avec un niveau d’inquiétude plus élevé qu’en Italie, Allemagne et Danemark. Un scepticisme qui peut être lié à leur moindre et plus récente familiarité avec le sujet.