
Avec «The Vietnam War», série documentaire polyphonique «monumentale» sur «la seconde guerre d’Indochine», l’Américain Ken Burns donne à entendre les «voix» de soldats et des civils des deux camps du conflit et exhume certains documents d’archives inédits. La série sera diffusée à partir de dimanche sur PBS aux Etats-Unis (en 10 épisodes de plus d’1h30), et à partir de mardi sur Arte (en neuf épisodes de 52 minutes, diffusés jusqu’à jeudi). «C’est le film le plus ambitieux de ma carrière», a confié le réalisateur de 64 ans, maître du genre documentaire, qui éprouve une sorte de «baby blues» après «les dix années d’efforts» et les 30 millions de dollars investis dans ce projet. Le documentariste aux multiples récompenses pour «La guerre de sécession» (1990), et Lynn Novick, sa coréalisatrice, ont voulu traiter «la seconde guerre d’Indochine» (1955 – 1975) du côté américain mais aussi vietnamien, et faire entendre les «voix» de soldats et des civils dans chaque camp. C’était «essentiel», poursuit-il, afin de composer «un panorama pluridimensionnel le plus complet possible». Selon les chiffres officiels vietnamiens, plus de trois millions de civils ont été tués, en plus de 2,5 millions de soldats vietnamiens dans les deux camps, communiste et pro-américain. De sources officielles américaines, 200.000 soldats sud-vietnamiens, 58.220 américains ont été tués et 1.638 GI’s restent portés disparus. Tout en livrant le récit de la grande histoire, la gageure était «de percer l’intimité d’une multitude d’expériences individuelles», explique le réalisateur.
«Le courage» s’est exprimé aussi dans «la décision de ne pas aller se
battre ou de protester contre la guerre», précise-t-il. La société américaine
a été si divisée qu’»elle constitue notre seconde guerre civile, à bien des
égards», ajoute-t-il.