Théâtre: «Léon Blum, une vie héroïque», l’adaptation scénique du podcast à succès de France Inter

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Sous le feuillage d’élégants micocouliers, Charles Berling prête sa voix à Léon Blum, père du Front Populaire et des congés payés, dans l’adaptation scénique d’un podcast à succès de France Inter créée samedi au Printemps des Comédiens.

A la tombée de la nuit, dans le vaste Domaine d’O où se tient la 37ème édition du festival de théâtre montpelliérain, les spectateurs de «Léon Blum, une vie héroïque» sont conviés à cinq heures d’un spectacle «à la frontière du théâtre et de la radio», annonce d’emblée le producteur de France Inter Philippe Collin.

Il ne s’agit pas d’une pièce de théâtre, précise-t-il, mais d’une «mise en ondes» d’une vie qui mérite d’être sortie d’un relatif oubli, souligne l’animateur, auteur d’autres podcasts originaux remarqués sur Molière, Poutine, Pétain ou Jean-Marie Le Pen, mais qui pour la 1ère fois en tire un spectacle vivant, en collaboration avec Charles Berling.

Lançant d’un geste de la main vers la console des dizaines d’extraits sonores, Philippe Collin emmène son public vers le parcours hors normes du leader socialiste né en 1872, passant de son engagement dans l’affaire Dreyfus à sa courte présidence du Conseil, après la victoire du Front Populaire en 1936, où Blum fera voter en moins de deux mois la semaine de 40 heures, les congés payés et les conventions collectives. Avec ses acolytes sur scène, Philippe Collin évoque ensuite les violentes campagnes antisémites dont Léon Blum fut victime, son arrestation en 1940 sous Vichy, sa farouche opposition à Pétain, son rôle dans la Résistance, sa déportation en Allemagne, et, dans l’après-guerre, son statut de conscience morale de la gauche, jusqu’à sa mort en 1950.

Assis derrière à une table, lisant des extraits de discours, de lettres, d’ouvrages et d’articles, Charles Berling est donc la voix de Léon Blum sur scène, comme il l’a été dans la version podcast. L’actrice Bérengère Warluzel incarne quant à elle les voix de dizaines d’experts et de contemporains du chef de la SFIO, l’ancêtre du Parti socialiste. Un éclairage scientifique est apporté par l’historien Nicolas Roussellier. Mais ce n’est pas tout.

Des gradins, des comédiens prennent la parole et un dessinateur, Sébastien Goethals, projette sur grand écran d’émouvants portraits réalisés en direct. Didactique sans aucun doute, le spectacle est allégé par des intermèdes musicaux, interprétés samedi par le Choeur de l’Opéra national de Montpellier, que le public est invité à accompagner sur «Le Temps des Cerises», «Douce France» ou «L’Internationale», pendant que des danseurs de tango rivalisent d’élégance. A l’entracte, un «banquet républicain» est organisé sous les oliviers (chacun est invité à apporter son pique-nique), avant que la soirée ne se termine, au-delà de minuit, par un bal sous les lampions, au son de l’accordéon, éveillant la nostalgie de ce si particulier été 1936 où les Français ont découvert les vacances. La pièce, jouée une seule fois à Montpellier, circulera à travers la France à partir du 25 mai 2024 sur la scène nationale Châteauvallon-Liberté (Var) pour terminer à l’automne à La Criée de Marseille.