Trois questions à … Florence Hermelin, directrice de NRJ Lab

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    Pour la troisième année consécutive, NRJ Lab a présenté, mardi 22 mai, son nouveau cahier de tendances jeunes : Youthology Act III. Il s’agit d’une enquête réalisée auprès des 11-25 ans qui analyse la pensée, les comportements et les actions de cette catégorie de la population française. Pour Florence Hermelin, ce qui ressort principalement de cette étude est la recherche, chez les jeunes, d’une proximité quasi permanente et d’une fluidité entre le monde virtuel et le monde réel.

    média + : Quelle a été pour vous la plus grande surprise dans les tendances qui ressortent de cette enquête ?

    Florence Hermelin : Les jeunes nous ont montré, cette année, un autre visage emprunt de nouvelles aspirations et d’ambitions beaucoup plus optimistes et le plus surprenant c’est que cela est intimement lié à la période électorale. Les jeunes se sentaient, depuis de nombreuses années, désabusés, ils étaient passifs et n’avaient pas envie de participer à notre société et maintenant on sent qu’il y a quelque chose de neuf qui s’est mis en marche avec les élections. Les jeunes ont très envie de croire à un renouveau. Mais, je dois avouer que, quelque part, tout cela me fait un peu peur, car ils abordent cette nouvelle période avec tant d’espoir qu’une déception pourrait amplifier leur autosuffisance déjà manifeste et aboutir à un repli sur soi qui pourrait être définitif.

    média+ : Vous évoquiez le «pire to pire», pour parler des effets néfastes du net, que craignez vous le plus ?

    Florence Hermelin : C’est vrai qu’on n’y pense pas forcément mais Internet apporte de nouveaux concepts «surprofilés». On livre maintenant sur des sites, régulièrement, son profil afin d’être nourris en retour d’informations en totale affinités avec ses goûts, ses préférences et entrer en contact avec des personnes à son image. Ce glissement vers l’affinitaire des communautés pourrait conduire, si l’on n’y fait pas attention, à une pensée autarcique dénuée d’intérêt pour les autres possibilités qui s’offrent à eux. Internet est un outil formidable d’ouverture, mais paradoxalement, il pourrait participer à renforcer l’égoïsme des jeunes voire une inertie culturelle et créative.

    média+ : Quels sont pour vous les nouveaux concepts et innovations technologiques sur Internet qui ont de l’avenir auprès des jeunes ?

    Florence Hermelin : Tous les concepts qui créent une plus grande proximité et qui aident les jeunes à faire le lien entre ce qu’ils vivent sur la toile et le monde réel ont de l’avenir, tout comme ce qui leur permet d’aller à la rencontre de gens qu’ils ne connaissent pas mais qui pourraient être comme eux ou proches d’eux. Il y a beaucoup de sites qui ont compris ce besoin de proximité comme Facebook, qui est un réseau social pour les lycéens et étudiants très restreint qui ne met pas aux yeux de tous votre profil mais qui s’intéresse aux profils de proximité. Et puis, il y a aussi Twitter qui est un concept assez ludique sur Internet une sorte de croisement entre le moblogging (contraction entre le mot mobile et blog) et la messagerie instantanée où les jeunes répondent à une seule question posée à savoir, qu’est ce qu’ils font. Twitter centralise les réponses et prévient tous vos contacts en même temps instantanément pour qu’ils puissent vous répondre ou vous rejoindre, cela permet donc d’être constamment en contact avec son réseau social. Et ce qui marche et qui a de l’avenir, également, ce sont les sites qui accompagnent les jeunes dans leur quotidien et qui facilitent leurs démarches de tous les jours, par exemple pour les recherches d’itinéraires ou d’enseignes à proximité du lieu où ils se trouvent. C’est cela que les jeunes recherchent avant tout, qu’on les accompagne dans la mobilité et dans la modularité de leur vie.