Trois questions à… Marie-Laure Augry, médiatrice des rédactions de France 3

    139

    La médiation existe depuis 1998 à France Télévisions. Marie-Laure Augry nous explique les particularités de sa fonction sur France 3, la chaîne de proximité du groupe.

    média+ : En quoi consiste la fonction de médiateur à France Télévisions?

    Marie-Laure Aubry : Il s’agit d’une instance d’écoute et de dialogue avec le téléspectateur. La médiation consiste à porter en interne la parole du téléspectateur, pour s’en imprégner. Ça rentre dans les impératifs d’une chaîne publique : les téléspectateurs sont en quelque sorte co-actionnaires. C’est une reconnaissance de son statut. À France Télévisions, il y a plusieurs médiateurs. Christian-Marie Monnot est médiateur de l’information de France 2. Son émission, «L’hebdo du médiateur» est diffusée le samedi à 13h15. Il y a aussi un médiateur des programmes de France Télévisions, Alain Le Garrec. Il n’a pas d’émissions, mais il est présent dans les différentes émissions des médiateurs. Depuis le début d’année, il y a un médiateur sur France 5, Daniel Digou. Et moi qui suis médiatrice des rédactions de France 3. J’ai une émission mensuelle de diffusion nationale, «votre télé et vous», et chaque région organise une fois par an une émission de médiation et de dialogue avec les téléspectateurs.

    média+ : La médiation n’est-elle pas particulière sur France 3, la chaîne publique de proximité ?

    Marie-Laure Aubry : La médiation est un peu dans l’ADN de France 3. On s’aperçoit d’ailleurs, qu’il y a un lien affectif très fort avec cette chaîne. Même si France 2 reçoit plus de courriers, la tonalité des messages que je reçois est différente par rapport aux autres médiateurs. À France 2, ils sont plus dans le «réactif». Ici, les gens écrivent pour apporter leur critique mais ils sont aussi pourvoyeurs d’information. Ils signalent ce qui se passe. Les gens se confient beaucoup. Pendant les évènements en banlieue, on a reçu beaucoup de courriers de jeunes pour expliquer leur parcours et leurs difficultés. C’est probablement dû à cette implantation locale et régionale, au positionnement de l’information avec les éditions, locales puis régionales puis nationales. Le téléspectateur a sans doute l’impression d’avoir une information plus en prise avec leur vie quotidienne. Grâce au courrier électronique, il est plus réactif, mais pas impulsif. C’est plutôt argumenté et réfléchi.

    média+ : Les réactions des téléspectateurs ont-elles une utilité pour vous ?

    Marie-Laure Aubry : En télévision, le téléspectateur est très abstrait. On s’adresse à tout le monde. Les réactions illustrent assez bien les tendances. Pour le referendum, on a vu très vite émerger un intérêt du public qu’on ne mesurait pas bien. Récemment, un téléspectateur a écrit pour nous informer qu’il y avait un problème avec un sujet à base de vidéos sur les combats en Afghanistan. Il avait trouvé des images très semblables sur un site de chasse de nuisibles dans les Rocheuses. J’ai vérifié puis j’en ai parlé à la journaliste en question. Nous avons diffusé un sujet pour expliquer que tout n’est pas parole d’évangile sur internet. Une autre fois, un téléspectateur m’a alerté sur un problème de traduction lors de la tempête Katerina aux Etats-Unis. Les images montraient une femme partant à la recherche de sa sœur. France 3 signalait que sa sœur était décédée, alors que la RTBF (chaîne belge francophone) affirmaient qu’elle était vivante. On a donc fait une émission de médiation pour expliquer pourquoi on avait fait cette erreur. Ça ne peut que renforcer la crédibilité de l’information.