Un consortium veut permettre aux entreprises de mesurer l’empreinte environnementale du numérique

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Rassembler des données pour rendre le monde numérique moins énergivore: des spécialistes de «l’informatique durable» ont annoncé mardi la publication d’un référentiel permettant aux entreprises de mesurer précisément l’empreinte environnementale d’un smartphone, d’un centre de données ou d’un service de visioconférence. 

Baptisée NegaOctet, cette base de données, qui regroupe des milliers de mesures réalisées indépendamment des constructeurs sur les composants informatiques, doit permettre d’évaluer l’impact du numérique sur le changement climatique, l’épuisement des ressources ou la production de déchets. 

«Aucun autre dispositif n’existe dans le monde», souligne Frédéric Bordage, fondateur de la communauté GreenIT, qui a mené le projet aux côtés du Laboratoire Central des industries électriques (LCIE) de Bureau Veritas, et des cabinets de conseil APL Datacenter et DDemain. 

Selon lui, la base de données doit devenir un «outil commun», comparable au Nutri-Score pour l’alimentation, permettant de répondre aux nouvelles obligations d’affichage des impacts environnementaux du numérique, et d’avancer vers «l’éco-conception». Ces nouvelles mesures viennent confirmer les résultats obtenus précédemment dans les études publiées par GreenIT, notamment la place prépondérante des terminaux (smartphones, TV) dans l’empreinte environnementale du numérique, responsable de 4% des émissions globales de gaz à effet de serre en 2020, a-t-il indiqué. 

«C’est l’aboutissement d’un travail de recherche qui a duré trois ans», soutenu par l’Agence de la transition écologique (Ademe), a ajouté Marie-Elisabeth d’Ornano, directrice de la certification à LCIE Bureau Veritas. «On avait réellement besoin, en tant que tierce partie, d’avoir des données opposables et on ne les avait pas. (…) Les données sont très ouvertes, on les a documentées, on a fait faire une revue critique, on veut que çà soit robuste et maintenable», a-t-elle complété. 

Les auteurs du projet souhaitent le commercialiser au niveau mondial, même s’il reconnaissent que le marché n’est pas encore mature pour ce type d’analyses, faute d’harmonisation des impératifs d’affichage entre les pays. Le consortium compte également alimenter la base de données publique Impacts de l’Ademe, et «transférer sous trois ans la propriété de la base de données» à une association pour «assurer son ouverture et sa pérennité».