Un journaliste et militant arrêté en Iran alors que le Parlement prépare un nouveau texte réduisant la liberté d’expression sur internet

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Un journaliste et militant a été arrêté en Iran alors que le Parlement prépare un nouveau texte réduisant la liberté d’expression sur internet, ont affirmé mercredi sa famille et des activistes iraniens. Hossein Ronaghi, qui avait disparu le 23 février, est détenu dans la prison d’Evin, à Téhéran, où il suit une grève de la faim, a écrit son frère Hassan sur les réseaux sociaux. M. Ronaghi avait vigoureusement critiqué le texte actuellement discuté au Parlement qui, s’il est adopté, couperait de facto le pays du réseau internet mondial, selon les militants. «Hossein est toujours en grève de la faim et sa vie est en danger», a écrit son frère sur Twitter mercredi, précisant que sa demande de libération sous caution avait été rejetée et appelant les autorités à «ne pas jouer avec la vie des prisonniers politiques». M. Ronaghi souffre d’une faiblesse au foie liée, selon ses soutiens, à six années de détention antérieures. La veille de sa disparition, M. Ronaghi avait publié un thread sur Twitter dénonçant le texte de loi ordonné, selon lui, par l’ayatollah Ali Khamenei pour que «l’espace virtuel» en Iran soit contrôlé. Les experts des Nations unies sur les droits de l’homme ont eux-mêmes publié une déclaration appelant l’Iran à ne pas voter ce texte.Selon eux, la législation bloquerait les sites et plateformes étrangères encore en opération en Iran, exigerait l’identité des utilisateurs d’internet et rendrait passible de poursuite la vente de réseaux virtuels privés (VPN), services permettant de naviguer sur le web de façon confidentielle et sécurisée donc de contourner la censure. Le texte «représente un pas inquiétant vers la consolidation d’un mur digital en Iran», estiment les experts onusiens. Twitter, YouTube, Facebook, Telegram et Signal font partie des plateformes interdites en Iran. Instagram fonctionne encore et les responsables iraniens diffusent sur Twitter leurs arguments à l’étranger. Les militants craignent que l’attention occidentale ne soit détournée par la guerre en Ukraine. «Nous appelons la communauté internationale à ne pas laisser la République islamique utiliser le manque d’attention sur l’Iran pour silencieusement tuer des défenseurs des droits de l’homme», a déclaré depuis la Norvège le directeur de l’ONG Iran Human Rights, Mahmood Amiry-Moghaddam.
En octobre, M. Ronaghi avait publié une tribune dans le quotidien américain The Wall Street Journal, accusant les médias occidentaux de négliger la situation des droits de l’homme en Iran. Il y évoquait un Etat doté d’une «police religieuse, avec d’innombrables lignes rouges que la plupart n’osent pas franchir». «C’est un pays de répression, de censure et de violence», ajoutait-il. «Ecrire ceci pourrait me renvoyer en prison. Mais si c’est le prix pour donner une voix aux sans-voix, cela en vaudra la peine».