Une historienne publie une anthologie de l’humour sous la Résistance

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Le rire comme arme de la Résistance pour décrédibiliser l’occupant allemand: l’historienne Alya Aglan a présenté jeudi dernier au Mémorial de Caen un livre sur un thème peu étudié de la Seconde Guerre mondiale.

«Le rire ou la vie – Anthologie de l’humour résistant 1940-45», premier ouvrage à se pencher sur l’humour des résistants selon son auteur, rassemble des textes et illustrations des fonds d’archive de la France Libre pour mettre en avant le rôle de l’humour en temps de guerre dans les oppositions aux régimes autoritaires.

Professeure d’histoire contemporaine à la Sorbonne et spécialiste de l’histoire de la Résistance, Alya Aglan qualifie le rire «d’arme du faible» celle qui «demande peu de moyens mais beaucoup de courage».

Pour autant, «l’humour c’est très sérieux». Il permet «de s’opposer à la force» de l’envahisseur, «quand on voit les Allemands parader tous les jours sur les Champs-Elysées» a déclaré Mme Aglan, en marge d’une conférence sur ce thème. Caricatures, chansons, poèmes, tous les formats sont utilisés.

Ils prennent notamment la forme d’une croix gammée structurée avec le nom du collaborateur Pierre Laval ou un dessin se demandant ironiquement si «un aryen est bien un type blond comme Hitler, mince comme Goering et grand comme Goebbels». La devise de Vichy «Travail Famille Patrie» devient «Tracas Famine Patrouille». D’autres formats voient le jour comme cette fausse interview radio par Pierre Dac du chef du gouvernement de Vichy, Pierre Laval, «qui ne va pas très bien» après le débarquement allié. Utilisées dès les premières semaines de l’occupation «à une époque où il est interdit de chanter, de pavoiser, interdit de tout», ces satires sont imprimées en France libre ou dans les «feuilles» de résistants en métropole occupée.

«Cet humour renvoie les nazis à leur propre racisme et morbidité, il s’agit de rire de ce régime avec son propre regard», explique l’universitaire. «C’est un réflexe universel contre la barbarie», dit-elle. On le retrouve en Ukraine en 2022 avec «les panneaux routiers indiquant le tribunal de La Haye pour les soldats russes» ou en Syrie avec l’histoire «d’un père qui a appris à sa fille à rire au passage des bombardiers».

«L’humour à l’été 1940 n’est pas celui de 44, beaucoup plus sombre, sarcastique, car le comportement des Allemands est plus tragique», explique l’historienne.