Après une plainte en France contre Nintendo, accusé de vendre des manettes pour sa console de jeux Switch qui s’usent trop vite, des associations de défense des consommateurs montent désormais au créneau européen. Le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) a alerté mercredi la Commission européenne et «demande qu’une enquête soit lancée sur cette question et que Nintendo soit obligé de remédier d’urgence aux défaillances prématurées de son produit» selon un communiqué de l’organisation. «Les consommateurs partent du principe que les produits qu’ils achètent durent suffisamment longtemps (…) et qu’ils n’auront pas à payer des remplacements coûteux en raison d’un défaut technique», a affirmé la directrice générale de l’organisation, citée dans le communiqué. «La création de déchets électroniques inutiles va totalement à l’encontre des objectifs du Pacte vert pour l’Europe», fait-elle également valoir. La Commission européenne a reçu l’alerte et indique qu’elle «étudiera avec attention dans les semaines à venir tous les éléments apportés par le BEUC avec les autorités nationales de protection des consommateurs». La Commission rappelle que des «actions coordonnées» peuvent être lancées dans le cadre de la législation européenne de protection des consommateurs au sein du marché unique (CPC). «L’une des priorités du nouvel agenda pour la protection des consommateurs est justement de leur donner des moyens d’agir pour la transition écologique», a réagi le Commissaire européen chargé de la protection des consommateurs, Didier Reynders. «L’obsolescence prématurée est une préoccupation croissante contre laquelle la Commission est déterminée à agir», a-t-il ajouté. En France, l’association UFC-Que Choisir avait déposé plainte en septembre dernier contre Nintendo France pour obsolescence programmée, «forte de plus de 9.100 témoignages de consommateurs attestant de la défectuosité de leurs manettes de la console Switch», écoulée dans le monde à plus de 68 millions d’unités. Or, depuis, d’autres associations de consommateurs belge, néerlandaise, portugaise, italienne, norvégienne, slovaque, slovène et grecque ont lancé des appels à témoignages concernant ce défaut baptisé «Joy-Con Drift». Près de 25.000 consommateurs européens se sont manifestés, produisant des témoignages similaires. Selon Que Choisir, la panne provoque «des mouvements fantômes inopinés, qui empêchent les consommateurs d’utiliser correctement leur console de jeux». L’organisation évoquait deux causes au moment de la plainte en France: «une usure prématurée des circuits imprimés, et un défaut d’étanchéité qui entraîne une quantité inquiétante de débris et poussières au sein du joystick». Sous pression, Nintendo avait finalement accepté en France et en Belgique de réparer gratuitement les manettes défectueuses, même si elles n’étaient plus couvertes par la garantie. Mais selon les associations, le problème de fond n’a pas été réglé et l’organisation belge Test Achats affirme que de nouveaux signalements de consoles touchées par ce problèmes surviennent encore «chaque jour» en 2021. «Pas moins de 75% de ces consommateurs ont déclaré que leurs manettes sont devenues défectueuses dans les deux ans suivant la date d’achat», rapporte l’association. L’action internationale vise à encourager le lancement d’une enquête européenne et à imposer à Nintendo le règlement de ces défaillances prématurées, cela, en réparant gratuitement les manettes défectueuses dans tous les pays et en prévenant de la durée de vie limitée de ces manettes.
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