Timide embellie dans cote de confiance des médias

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La confiance des Français envers les médias a légèrement remonté, mais l’opinion est très partagée sur le traitement médiatique de la pandémie de Covid-19, d’après le baromètre annuel réalisé par Kantar pour le quotidien «La Croix», publié mercredi. Premier enseignement de ce sondage lancé en 1987 et dont la nouvelle mouture a été réalisée du 7 au 11 janvier, l’intérêt des Français pour l’actualité a rebondi de 8 points à 67%, après être tombé l’an dernier à un niveau historiquement bas. La crédibilité des médias se redresse quant à elle légèrement pour la 2ème année consécutive, après avoir touché un plus bas absolu en pleine crise des «gilets jaunes», même si elle reste à des niveaux très faibles. La radio arrive toujours en tête : 52% des Français, soit 2 points de plus que l’an dernier, jugent qu’elle diffuse des nouvelles fidèles à la réalité, devant les journaux (+2 points à 48%) et la télévision (+2 points à 42%). Enfin la crédibilité d’internet (mesurée depuis 2005) se requinque plus nettement mais reste encore très basse (+5 points à 28%). «On voit un retour modéré de la confiance accordée par les Français aux médias», a résumé lors d’une conférence de presse Guillaume Caline, de Kantar, pour qui cette timide embellie est sans doute le reflet du travail d’information autour de la pandémie. «Pendant toute cette période, il n’y a pas eu de rupture (de l’activité médiatique), les journalistes ont continué à faire leur travail et à informer, ce qui est essentiel pour le fonctionnement d’une démocratie», a commenté Pascal Ruffenach, président du directoire du groupe Bayard, la maison mère de «La Croix». Cependant, interrogés sur le traitement de l’épidémie de Covid-19 dans les médias, les Français se montrent extrêmement partagés : 44% d’avis positifs contre 43% d’opinions négatives. Parmi les principaux reproches : le fait d’avoir donné trop d’importance à des non spécialistes (pour 73% des sondés) et dramatisé les événements (66%). En outre, 74% des Français jugent que les médias ont trop parlé du Covid-19. Neuf Français sur dix pensent en revanche avoir été bien informés sur les gestes barrières et le port du masque, et plus de trois sur quatre concernant les règles du confinement et du déconfinement. «Ce sondage montre que les médias ont fait une vraie info-service de qualité» durant cette crise sanitaire, plébiscitée par le public, a estimé le sociologue des médias Arnaud Mercier. Mais pour lui «il y a un échec d’une partie des médias dans le choix des personnes qui ont été invitées» à la télévision, citant l’exemple de Laurent Toubiana, une des personnalités qui assurait qu’il n’y aurait pas de 2e vague et qui «a eu table ouverte pendant des jours» sur les plateaux, jusqu’à ce que cette 2e vague se matérialise. Autre écueil selon lui, la question de l’hydroxychloroquine : «un certain nombre de médias sont tombés dans un travers, avec une confusion entre les désaccords factuels entre scientifiques» et «une polémique de nature politique». «On n’est pas là pour être pour ou contre la chloroquine», s’est défendue Adeline François, co-présentatrice de la matinale de BFMTV. «Notre travail de journaliste n’était pas d’être virologues», mais de trouver des spécialistes et de «leur poser les questions qu’il fallait et se faire le relais des préoccupations des Français», et ce alors que personne n’avait au départ de connaissances fermes sur le coronavirus. Estelle Cognacq, directrice de la rédaction de franceinfo, a relevé quant à elle une certaine «ambiguïté» du public : «les Français trouvent qu’on a trop parlé du Covid, mais ce sont aujourd’hui les sujets qui marchent le mieux, il y a toujours une demande de savoir où on en est au sujet des vaccins», des variants, d’un nouveau confinement, etc. Et quel que soit le sujet abordé, de l’économie au théâtre en passant par la gastronomie, de toute façon «on retombe toujours sur le Covid», a souligné sa consoeur de BFMTV.