Facebook est accusé au Vietnam d’être devenu un outil de propagande du gouvernement autoritaire de ce pays communiste, ont expliqué mardi des militants pro-démocratie après des informations de presse accusant le réseau social de céder à la pression des censeurs vietnamiens.
Ces dernières années, Facebook était un forum populaire dans ce pays où tous les médias indépendants sont interdits. Mais la plateforme «a maltraité les militants en éliminant la liberté de parole et se transformant en outil médiatique pour le Parti communiste du Vietnam», déclare Huynh Ngoc Chenh, l’un des blogueurs les plus influents du Vietnam et qui se consacre aux questions liées à la démocratie et aux droits de l’homme.
Facebook avait admis en avril 2020 avoir été chargé par Hanoï de restreindre l’accès à des contenus «jugés illégaux». Un porte-parole de la compagnie avait alors assuré: «nous avons pris cette mesure pour garantir que nos services restent disponibles et utilisables pour des millions de personnes au Vietnam, qui en dépendent chaque jour».
Mais le quotidien américain «The Washington Post» a rapporté lundi que c’est le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, qui a personnellement pris la décision de se plier aux demandes de Hanoï plutôt que de risquer de voir sa plateforme mise hors-ligne sur l’un de ses principaux marchés asiatiques.Interrogé à propos de cet article, un porte-parole de Facebook s’est refusé à tout commentaire. En décembre dernier, Amnesty international a accusé Facebook, ainsi que Google, d’être devenus des «zones sans droits de l’homme» au Vietnam. Plus de 53 millions de personnes utilisent Facebook au Vietnam, soit plus de la moitié de la population.
La plateforme est également un outil marketing très utilisé par les entreprises du pays. Le blogueur Huynh Ngoc Chenh a indiqué que son compte avait été bloqué à deux reprises, à chaque fois un mois durant «pour violation des critères» de la plateforme sans se voir signifier quels étaient les messages mis en cause. Deux messages critiquant la réponse gouvernementale à la pandémie ont également subi des restrictions, selon lui. Nguyen Tuan Khanh, un musicien connu qui critique régulièrement le gouvernement, a dit que nombre de Vietnamiens étaient «déçus de voir Facebook choisir les profits» plutôt que les valeurs associées aux Etats-Unis, «un pays qui a choisi la démocratie et la liberté». Les militants des droits de l’homme ont utilisé Facebook pour tenter de répandre les idées démocratiques et organiser des manifestations. Mais «nous avons compris un jour que Facebook aide également la police vietnamienne à faire taire les voix de la vérité», ajoute-t-il, estimant que beaucoup de dissidents pensent dorénavant que Facebook n’est qu’un instrument de loisir.