Télévision, cinéma, presse, édition, musique, jeux vidéo, et désormais la radio avec Europe 1… Vincent Bolloré ne cesse d’étendre son empire dans les médias, via son groupe Vivendi.
– TÉLÉVISION : L’homme d’affaires breton, qui a diversifié au fil des décennies son groupe familial, spécialisé à l’origine dans la papeterie, pour en faire un conglomérat présent notamment dans la logistique et les transports, les batteries électriques et la communication, réussit un coup de maître en 2014 en se faisant désigner président du conseil de surveillance du groupe Vivendi et du même coup de sa filiale Canal+, deux ans après être devenu son 1er actionnaire en lui cédant ses chaînes de la TNT D8 et D17 (devenues C8 et CStar). Une prise de contrôle suivie d’une mise au pas brutale des antennes avec une valse des cadres dirigeants, la fin du «Zapping» et de l’investigation, l’arrêt progressif des «Guignols», et la transformation, à l’issue d’une grève historique, de la chaîne d’info iTELE en CNews, qui prend un virage à droite toute et ouvre un boulevard à l’essayiste Eric Zemmour en 2019.
– RADIO : A l’issue d’une lutte d’influence épique avec le magnat du luxe Bernard Arnault, Vincent Bolloré a réussi ces derniers mois à faire de Vivendi l’actionnaire principal du groupe Lagardère, propriétaire des radios Europe 1, RFM et Virgin Radio.Avant même que la transformation du statut de Lagardère en société anonyme (qui renforce considérablement l’influence de l’industriel breton) soit actée, fin juin, des projets de «ponts éditoriaux» sont lancés entre Europe 1 et CNews, au grand dam de nombreux salariés de la station généraliste, qui ont récemment fait grève pour alerter contre la «bollorisation» de leur antenne. Non sans rappeler le sort d’iTELE quelques années auparavant, de nombreuses voix d’Europe 1 sont débarquées ou annoncent leur départ (dont le matinalier Matthieu Belliard, Pascale Clark, Anne Roumanoff, Bertrand Chameroy…), tandis que des figures de CNews s’apprêtent à rejoindre l’antenne. Et Louis de Raguenel, transfuge de Valeurs Actuelles dont le recrutement à Europe 1 avait suscité un tollé à la rentrée 2020, est nommé à la tête du service politique.
– PRESSE ÉCRITE ET ÉDITION : Le groupe de Vincent Bolloré a bouclé en mai l’acquisition du 1er éditeur de magazines en France, Prisma Media, auprès du groupe allemand Bertelsmann. Le milliardaire fait ainsi tomber dans son escarcelle de nombreux magazines comme Télé-Loisirs, Voici, Femme Actuelle, Capital ou Gala. En début d’année, Vivendi a également pris une participation dans le groupe espagnol Prisa, qui contrôle le quotidien El Pais et est aussi actionnaire du Monde. Et Vivendi a aussi poussé ses pions dans la presse écrite via Lagardère, qui détient Paris Match et le Journal du dimanche. C’est aussi un poids lourd de l’édition avec Editis, qui détient notamment les maisons Nathan, Robert Laffont ou Plon. En outre, Lagardère possède le numéro un français du secteur, Hachette Livre, dont l’ancien PDG Arnaud Nourry, qui craignait un démantèlement ou un rapprochement au profit d’Editis, a été remercié en mars.
– CINÉMA, MUSIQUE, JEUX VIDÉO… : Vincent Bolloré est également présent dans de nombreux autres domaines liés au divertissement et aux médias comme le cinéma via StudioCanal (groupe Canal+), internet avec le site Dailymotion, la publicité avec Havas, les jeux vidéos pour mobiles avec Gameloft, les spectacles (L’Olympia…). Sans oublier la major de l’industrie musicale Universal Music Group (UMG). Cette poule aux oeufs d’or qui a financé ces dernières années les acquisitions dans les médias de Vivendi, doit bientôt quitter le périmètre de l’entreprise (qui distribuera ses parts à ses actionnaires dont le groupe Bolloré) et faire son entrée à la Bourse d’Amsterdam.