Vols de technologies: la justice américaine a ouvert une enquête criminelle sur Huawei

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La justice américaine a ouvert une enquête criminelle sur des soupçons de vols de technologies par le groupe chinois des télécommunications Huawei, qui cristallise plusieurs sujets de discordes diplomatiques et commerciales entre les deux puissances, selon le «Wall Street Journal» mercredi.

D’après le quotidien économique, des procureurs fédéraux soupçonnent le groupe, bête noire de Washington, d’avoir dérobé des secrets technologiques à des compagnies américaines travaillant avec Huawei, notamment autour d’un appareil utilisé par l’opérateur américain T-Mobile pour tester les smartphones. L’enquête est à un «stade avancé» et pourrait «bientôt» entraîner une inculpation, ajoute le WSJ, citant des sources anonymes. Interrogés, le ministère américain de la Justice s’est refusé à tout commentaire, tandis qu’Huawei n’a pas répondu dans l’immédiat. Parmi les nombreux griefs commerciaux adressés par le président américain Donald Trump à la Chine figurent régulièrement les vols de technologies. Devenu l’un des plus grands équipementiers télécoms du monde, Huawei se trouve aussi au centre de soupçons d’espionnage dans plusieurs pays, dont les Etats-Unis, l’Australie et le Japon, qui lui ont interdit de bâtir un réseau d’internet ultrarapide 5G. Des médias se sont également fait l’écho de doutes en France, en Allemagne et au Royaume-Uni. Mardi, le discret fondateur de Huawei, Ren Zhengfei, ancien officier de l’armée chinoise, a démenti farouchement tout espionnage. Huawei est aussi au centre d’une crise diplomatique majeure depuis l’arrestation le 1er décembre au Canada, sur demande de la justice américaine, de la directrice financière du groupe, Meng Wanzhou, propre fille de Ren Zhengfei. Les Etats-Unis, qui demandent son extradition, la soupçonnent de complicité de fraude pour contourner les sanctions contre l’Iran.

Mercredi, trois parlementaires américains ont d’ailleurs déposé une proposition de loi demandant au président d’interdire l’exportation de composants ou de pièces vers des compagnies chinoises de télécoms qui auraient enfreint des sanctions américaines. Cette initiative fait suite à l’arrestation de Meng Wanzhou, écrivent des parlementaires, accusant Huawei d’espionner pour le compte du «Parti communiste chinois». Outre les questions diplomatiques et de sécurité nationale, les querelles autour de ZTE, autre groupe télécoms chinois, et Huawei illustrent la concurrence farouche entre Etats-Unis et Chine dans la technologie, sur fond de tensions commerciales entre les deux pays.