«Watch Dogs Legion»: pour Ubisoft, pas de Brexit sans hackers

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Londres cadenassé, Londres surveillé, et surtout Londres à libérer: dans «Watch Dogs: Legion», qui sort ce jeudi, l’éditeur français Ubisoft livre sa version vidéoludique d’un Londres post-Brexit cyberpunk et désenchanté. «Le Brexit nous a pris de court» se souvient le directeur créatif du jeu, Clint Hocking. Car si le choix de Londres comme terrain de jeu du troisième opus de la série Watch Dogs s’est imposé quelques mois avant le référendum britannique, l’ombre du Brexit a vite rattrapé les développeurs. «Cela nous a forcé à nous pencher sur les thèmes et les conséquences liés à ce vote, explique M. Hocking, et ensuite extrapoler sur ce que cela pourrait donner dans un futur proche». Désinformation et surveillance de masse sont au centre d’un scénario faisant écho à l’actualité récente du pays. Car les craintes suscitées par le divorce entre le Royaume-Uni et l’UE se matérialisent parfois dans ce futur dystopique, à l’image de ce camp insalubre de «migrants européens» aux portes de la capitale, traversé dès les 1ères heures du jeu. «Ce n’est pas le Brexit qui est à l’origine des problèmes dans notre jeu», affirme Clint Hocking. «Les inégalités de répartition des richesses, le sentiment d’une partie de la population de ne pas être entendue, ce sont ces raisons qui ont mené au monde dépeint dans notre histoire. Les mêmes qui ont mené au vote du Brexit». Pour autant, point de Boris Johnson à l’horizon. «Watch Dogs: Legion» se veut «une oeuvre de fiction», comme le rappelle l’écran titre, et le terme «Brexit» lui-même est quasiment absent de l’histoire. «Ubisoft a l’habitude de surfer sur les sujets politiques du moment», explique Olivier Mauco, fondateur du studio parisien Game in Society et professeur à Science Po Paris. «Ils ne nient pas la réalité sociale et politique, mais ça reste du décorum. Il n’y a pas de discours politique derrière». »Watch Dogs: Legion» fait partie de ces titres «en monde ouvert», où le joueur peut se balader librement et effectuer diverses missions servant l’intrigue. En tant que membre d’un groupe de pirates informatiques, il dispose de tout un arsenal high-tech, allant du smartphone qui pirate les systèmes de données à l’araignée électronique lui permettant de se faufiler dans les immeubles les plus sécurisés. L’objectif: débarrasser la ville de la perfide «Albion», armée privée ayant pris le contrôle des rues de Londres.

Entièrement recréé à taille réelle, le coeur de la capitale britannique est bluffant de réalisme, et quiconque ayant déjà arpenté ses rues reconnaîtra sans mal les principaux monuments de la ville. Réparties entre 4 studios d’Ubisoft, plusieurs centaines de personnes ont travaillé sur sa modélisation pendant plus de 4 ans et demi. Rarement une ville n’aura paru aussi vivante dans un jeu vidéo. Grande nouveauté de cet opus: la possibilité de recruter et d’incarner n’importe quel passant. Débaucher un policier vous permettra de vous introduire plus facilement dans un commissariat, tandis qu’un médecin améliorera la récupération de vos agents blessés. Une option (désactivable) fait disparaître définitivement du jeu tout personnage envoyé ad patres, ce qui ajoute une dose de stress lors des différentes missions. Avec la sortie de «Watch Dogs: Legion», puis celle, le 10 novembre, de «Assassin’s Creed Valhalla», dernier opus de la franchise phare du studio, Ubisoft espère terminer sur une note plus positive une année 2020 marquée par l’émergence de plusieurs témoignages au sein du groupe concernant des cas de harcèlement et agressions sexuelles, qui ont mené à la démission de plusieurs responsables de la firme. «Watch Dogs: Legion» est disponible sur PC, PS4/PS5, Xbox One, Xbox Series S/X et Stadia.